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J’ai lu : Le Système Solaire de Sega – Vers la Saturn et au-delà par Aurélien Thévenot

Third Editions continue de nous parler Sega en cette année 2020 où le développeur Japonais fête ses 60 ans (bien plus que ça en vrai, mais là n’est pas la question), avec un deuxième livre (le premier étant consacré à la Révolution Arcade), et qui cette fois se tourne vers l’axe console de la société.

Si on en croit le résumé l’auteur Aurélien Thévenot va nous présenter l’histoire des multiples projets que Sega a mis en œuvre depuis la Game Gear jusqu’au fameux mystérieux Project Pluto.

L’axe central du livre se veut être une découverte de ces projets avec les erreurs (ou non) commises par Sega lui-même plus qu’une analyse technique des échecs. L’auteur se concentre sur le ‘pourquoi comment’ simplement en observant ce qui s’est déroulé durant ce que l’on peut appeler ses années troubles. Evidemment la Saturn y est évoquée et elle est même ici le véritable point central du livre.

A la fin du livre Aurélien Thévenot nous rappelle à l’ordre en démontrant que tout ce système solaire Sega et tous ces noms de planètes évoqués ne sont peut-être qu’une simple illusion. L’intérêt est donc de bien lire tout ce que l’auteur a pu rédiger avant, dans les chapitres concernant chaque machine, pour se forger sa propre opinion.
Exercice au combien périlleux.

Il n’empêche que l’enquête menée ici lève bel et bien le voile sur de nombreux mystères de l’histoire du jeu vidéo made in Sega.


Un tel livre -qui se consacre principalement à la Saturn- est enfin ce que j’espérai depuis quelques années. En effet rare sont les livres consacrés à la Sega Saturn et hormis un peu convainquant « La Guerre des 32 Bits » paru chez Pix’N Love où l’on apprenait finalement peu de choses, la dame noire de Sega est une console boudée.

Comme dit plus haut Aurélien Thévenot va nous parler de l’univers Sega en partant de la portable Game Gear jusqu’à la fameuse Pluto, tout aussi mythique que fantastique.
L’auteur va retracer, projet après projet les erreurs de Sega Japon, de Sega America, que cela soit en interne ou bien tout simplement dû aux concurrents auxquels ils ont fait face.
Dans les chapitres qui s’écoulent, on peut rapidement comprendre que parfois une défaite ou une victoire se joue souvent à peu de chose. Un mauvais choix technique dans l’espoir que ça fonctionne ‘malgré tout’, un mauvais choix de timing dû à un empressement injustifié ou bien à l’entêtement de certaines personnes. L’univers du jeu vidéo est plus complexe qu’il n’y parait, pourtant à la lecture de ce Système Solaire de Sega, on peut se dire que « Il n’y avait qu’à » ou bien « il suffisait de ». Mais tout le monde le sait, ça ne fonctionne pas comme ça.
Au fil des pages qui tournent on pourra aussi en vouloir à certaines personnes haut placées qui ont fait des choix, surprenant, sans jamais prendre du recul sur les erreurs du passé, ou tout simplement des erreurs des autres. A croire que Sega a toujours foncé tête baissée vers son adversaire sans jamais regarder à qui il avait à faire, sans jamais essayer de contourner le problème et comprendre pourquoi ça ne fonctionne pas.
Pourtant le livre nous prouve bien que c’est faux. Bien au contraire.


Dans ce combat perpétuel face à Nintendo puis à Sony, Sega s’est perdu à coup de multiples projets venant des USA ou du Japon. Et c’est plutôt ici qu’il faut y voir un souci, celui qui a fait tomber ce colosse de l’Arcade et qui avait pourtant tout pour le devenir aussi en tant que constructeur de console. Des idées très en avance sur leur temps (la Nomad qui peut être comparé à la Switch), Internet avec la Mega Drive, mais principalement la Saturn, avec le jeu en réseau (déjà)… Et évidemment les Add-On hardware comme la 32X ou le Mega Cd qui peuvent être vu comme des Up technologiques comme l’est une Playstation 4 avec sa grande sœur Pro.

L’auteur, par ces histoires qui finissent mal, nous dévoile également la guerre des chiffres qui a eu lieu entre Sega et Playstation, que cela soit au niveau du tarif (qui ne se souvient pas des fameux 299$), mais également au niveau de la communication, de la date de sortie de leurs consoles respectives, mais également des titres accompagnant les consoles à leur début. La ressemblance avec ce qui se trame aujourd’hui entre Xbox et Playstation est tout à fait édifiante. Les deux consoles sorties clairement trop tôt (surtout la Saturn), sans jeux ou presque, une guerre des tarifs et de chiffres techniques parlant de puissance, de Bits, de textures, des IP marquantes, des exclus… Bref, en 2020 rien de nouveau. L’histoire se répète sans cesse dit-on. Et puis Nintendo qui attend tranquillement plaçant ses pions.

Le Système Solaire de Sega rappelle également que quoi qu’on en dise, le Project Saturn a longtemps tenu tête à la Playstation au Japon. Ah, si seulement ce flot d’excellents titres étaient arrivés en 1995-96 plutôt qu’en 1997 ou 1998, -le temps de maîtriser la bête- peut-être en aurait-il été autrement. Et puis l’Europe, terre pauvre de l’eco-système. Ce continent, qui a pourtant (tout autant que l’Amérique du Nord) su donner à Sega une place, une identité. La dernière roue du carrosse. Pourquoi autant de moquerie à l’époque ?
Malheureusement on ne peut plus rien y faire et l’image de la machine restera écornée encore pour de nombreuses années.

J’ai beaucoup parlé Project Saturn, mais Aurélien Thévenot s’attarde également sur des projets plus étranges, moins connus, mais tout autant passionnant ( le Project Jupiter le défunt frère de la Saturn). Je pense notamment aux Projet Mars et Venus (respectivement 32X et Nomad) qui possèdent tous les deux leurs lots d’anecdotes très intéressantes, sans oublier la mystérieuse et magnifique Neptune. Il y a tout le système solaire ou presque, vous avez donc de quoi faire.


Enfin, dans sa partie décryptage, Aurélien Thévenot remet tout au clair concernant cette idée reçut de système solaire. Un schéma qui tient la route comme il l’écrit, même s’il reste beaucoup de points d’interrogations. Comme il le dit également, il y a ce fameux Project Mercury évoqué en début de livre, comme étant (ou pouvant être) la Game Gear, mais qui est évoqué pour la première fois en 1995, comme le nom de la remplaçante de la Saturn, une future machine 64 Bits (et je m’en souviens très bien, dans Mega Force). Le Mega Cd ou la Megadrive elles-mêmes n’ayant aucun nom de projet.
Tout ceci est passionnant je vous dis.


Le Système Solaire de Sega – Vers la Saturn et Au-delà est un excellent bouquin pour qui s’attend à découvrir comment SEGA en est arrivée à un déclin bon gré mal gré.
Ici l’auteur ne nous parle pas de technologie et ne va pas nous faire une démonstration technique des entrailles des consoles. Que grâce lui soit rendue.
Le livre répond à beaucoup de questions quant à l’ambiance et les relations entre SEGA Japon et SEGA USA. On ne saura malgré tout pas qui avait raison et qui avait tort, du moins cela restera suivant l’appréciation de chacun. Ce que l’on sait -au contraire- c’est que Sega avait amplement les moyens de lutter face à Sony (et Nintendo) sur la génération 32 Bits.
Ajoutez à cela quelques pages regroupant les meilleurs jeux (tout en étant subjectifs) des machines mentionnées et vous voilà avec un beau livre retraçant l’échec (tout est relatif vous verrez) du géant qu’était SEGA.

Retrouvez toutes les vidéos et publicités mentionnées dans le livre sur YouTube!

https://www.youtube.com/channel/UCo-7ws-2FMQGYrIHXlS2P3A

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1 commentaire

  1. […] Monterrin bien sourcé apporte un regard différent de ce qu’on a pu lire par exemple dans Le Système Solaire de Sega (paru chez Third Edition) en ciblant plus la chose sur ce qu’il s’est passé à […]

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