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Avis : Légendes Pokémon : Arceus

Il est indéniable que Pokémon est une énorme machine marketing. Face aux nombreux produits dérivés, les films, les séries animées ou encore les mangas, les jeux vidéo Pokémon ne représentent finalement d’une petite part des revenus de la licence. Et face à un planning de plus en plus serré et strict, la qualité des jeux vidéo semble faiblir, avec des jeux bugués, techniquement pauvre, sans réelle innovation et de prise de risque ou encore avec une difficulté de plus en plus basse. Alors, quand fût annoncé Légendes Pokémon : Arceus, les fans voyaient en ce jeu une lueur d’espoir, un concept inédit et ambitieux pour la saga Pokémon. Est-ce que ce nouvel opus signe le renouveau de la série ou bien est-il un clou de plus pour le cercueil ?

L’aventure commence lorsque votre avatar se réveille sur les bords d’une plage. Vous ne savez pas où vous êtes, vous ne savez pas qui vous êtes, la seule chose que vous vous rappelez, c’est que vous êtes tombé d’un gigantesque trou dans le ciel qui s’avère être une faille spatio-temporelle. Vous êtes alors récupéré par le Professeur Lavande, un membre de la section Recherches du groupe Galaxie, qui vous informe que vous êtes à Hisui, qui s’avère être le Sinnoh des temps anciens (Sinnoh est la région visitée dans Pokémon Diamant, Perle et Platine). Il vous assigne alors la mission d’aider à la complétion de la toute première encyclopédie Pokémon : le Pokédex. Plus facile à dire qu’à faire dans un monde où les relations entre humains et Pokémons sont plus que compliquées mais peut-être qu’en aidant le Professeur, vous saurez comment vous êtes arrivés là.

Contrairement aux épisodes classiques de la sage Pokémon, votre but n’est pas de parcourir les villes pour affronter des champions d’arène avant de tenter le défi de vaincre le maître de la Ligue Pokémon. Ces concepts n’existent même pas dans cette période temporelle. A la place, vous recevez des missions à accomplir dans les 5 zones d’Hisui.
Vous vous préparez auparavant dans Rusti-Cité, le hub central où vous pouvez entraîner vos Pokémon, ranger votre inventaire, changer les Pokémon de votre équipe, etc… Une fois que vous êtes prêt, vous pouvez partir pour vous téléporter dans la zone de votre choix. Vous êtes ensuite livré à vous-même dans un environnement ouvert, paré à rencontrer des Pokémon, explorer la zone et récupérer des ressources. Oui, récupérer des ressources car ici, les commerces ne courent pas les rues même s’il est possible d’acheter des objets. Vous devrez plutôt compter sur vous-même pour fabriquer vos propres Pokéball, potions, aides à la capture… avec les différentes ressources que vous trouverez dans les gisements, les arbres ou les plantes que vous ramasserez.
Pas de promenade dans les hautes herbes pour rencontrer des Pokémon cette fois, toutes les créatures évoluent dans leur environnement naturel de manière logique. Ainsi, des Pokémon Eau se trouveront souvent au bord d’un point d’eau tandis que des Pokémon Roche sont visibles dans les montagnes. L’exploration joue, ainsi, un rôle important car vous devrez trouver des coins cachés dans chaque zone pour être sûr de ne rater aucun Pokémon qui pourrait se faire rare dans certains environnements. Pour cela, vous pourrez compter sur des Pokémon qui vous serviront de montures pour vous déplacer plus facilement, en volant ou en escaladant les parois par exemple. Ceux-ci sont débloqués au fur et à mesure de l’histoire principale. En dehors de votre mission, vous devrez remplir les fiches du Pokédex de chaque Pokémon que vous rencontrez en accomplissant plusieurs tâches comme en capturer un certain nombre, en vaincre un certain nombre, lancer une attaque un certain nombre de fois ou encore nourrir cette espèce un certain nombre de fois. Cet objectif rend la complétion du Pokédex beaucoup plus intéressante que la capture seule car toutes ces tâches nous donnent l’impression d’être un vrai chercheur qui observe les Pokémon et note leurs réactions.
La capture occupe une place importante puisque tout un système de visée a été pensé pour permettre la capture en temps réel et sans déclencher un combat. Du moins, ça l’est si vous savez vous faire discret… en vous cachant dans les hautes herbes. Quelle ironie. Si un Pokémon vous repère, soit il fuit, soit il vous attaque et seul le combat est possible.
Une fois que vous considérez votre session de recherche terminée, vous pouvez retourner à un campement où vous attend le professeur Lavande pour lui faire votre rapport. Vous serez alors récompensé en argent pour votre nombre de captures et aussi en points d’expérience pour vos contributions au Pokédex. Ces points d’expérience vous permettent d’augmenter votre rang au sein du groupe Galaxie pour débloquer de nouvelles zones, obtenir des nouveaux objets et pour augmenter le niveau maximal auquel vos Pokémon vous obéisse, une mécanique issue des jeux Pokémon classiques. Cette boucle de gameplay est tellement plaisante et addictive qu’on y retrouve un petit côté Pokémon Snap quand le professeur lit notre rapport pour nous féliciter de nos progrès.

Même si on retrouve les combats classiques au tour par tour, ceux-ci ont une saveur particulière pour accompagner le rythme dynamique des parties de chasse. Pour commencer, vous serez le seul à initier un combat contre un Pokémon sauvage et ce de manière intuitive : en lançant une Pokéball contenant un Pokémon de votre équipe. Ensuite, vous ne serez pas transporté dans un décor abstrait mais vous disputerez votre combat à l’endroit exact où le Pokémon se trouve. Enfin, votre avatar est capable de se déplacer dans la zone de combat pour avoir le meilleur angle de vue possible sur la bataille. Malheureusement, l’interaction s’arrête là car vous ne pouvez pas participer vous-même au combat, vous pouvez seulement chuter si vous vous mettez au travers d’une attaque.
Pour ce qui est du fonctionnement des combats, vous avez la possibilité d’attaquer ou d’utiliser un objet de soin quand c’est à votre tour d’effectuer une action. Contrairement aux autres jeux de la saga, l’ordre de passage n’est plus défini par quel Pokémon est le plus rapide statistiquement mais est calculé au fur et à mesure du combat avec une liste constamment visible sur l’interface. Ainsi, un Pokémon rapide aura la possibilité d’effectuer 2 attaques à la suite face à un Pokémon plus lent.
Mais ce n’est pas tout car les attaques possèdent maintenant 2 styles pour apporter plus de stratégies aux combats. Un style rapide vous permettra d’être plus rapide au détriment des dégâts infligés et un style puissant vous fera perdre en rapidité pour infliger une attaque plus puissante. Quand on sait que chaque combat peut se terminer en un ou deux coups, il est important de bien prendre en compte son ordre de passage afin de ne laisser aucune chance à l’adversaire.
Cela est d’autant plus vrai lors de combats contre d’autres PNJ car l’ordre de passage n’est pas remis à zéro lorsqu’un Pokémon est KO donc vous pourrez perdre votre avantage si vous lancez des attaques en style puissant sans réfléchir, d’autant plus que le jeu ne vous permet pas de changer de Pokémon « gratuitement » lorsque vous mettez un Pokémon de votre adversaire KO.
L’histoire se passant avant l’âge des combats Pokémon dans les règles de l’art, vous pourrez vous retrouver dans des situations où un seul de vos Pokémon devra faire face à plusieurs autres Pokémon. Bref, les combats ne sont pas le point central de ce jeu et sont beaucoup moins nombreux que dans les épisodes classiques mais ils sont de meilleure qualité et donnent un petit coup de jeune sans tomber dans le gimmick facile comme les Méga-Évolutions ou le Dynamax.
Le jeu est d’ailleurs conscient de cela lors des combats contre les Pokémon Monarques, servant de boss de zone. Le but est de faire baisser leur jauge de rage en leur lançant des boules pacifiantes comme vous lanceriez des Pokéball. Le jeu vous teste alors si votre capacité à viser et à tirer ainsi que sur vos réflexes en esquivant les attaques du Pokémon. Quand la jauge atteint un certain seuil, vous avez la possibilité d’engager un de vos Pokémon dans un combat classique pour réduire les PV de votre adversaire et le rendre confus pour lui balancer plus de boules pacifiantes à la tronche. Ces combats sont bien ficelés, possèdent une mécanique intéressante et sont parfaits pour rendre le jeu plus dynamique que les jeux classiques. Ils possèdent, en plus, une difficulté bien dosée et peut s’avérer être un défi pour certains joueurs n’ayant pas l’habitude avec autant d’action.

Cependant, tous ces points positifs sont quelque peu éclipsés par le rendu graphique médiocre, même comparé à d’autres jeux de faible qualité sur Nintendo Switch. Game Freak semble avoir un réel problème de connaissance et de maîtrise du matériel pour être constamment décevant sur ce point.
Pour commencer, non seulement les textures sont floues et baveuses, mais il n’y a même pas de rustine ou de cache misère pour rattraper comme cela a pu être le cas pour le remake de Pokémon Diamant et Perle sorti quelques mois auparavant. Au contraire, ces textures sont bien mises en avant en filmant les personnages en gros plan durant les cinématiques.
Ensuite, la distance d’affichage est trop faible et rend les environnements vides de loin en plus de ne faire apparaître des éléments du décors que lorsque l’on est qu’à quelques pas d’eux. L’absence d’anticrénelage accentue aussi le rendu brut de l’image et peut même virer au désagréable dans les grottes où les bords des modèles 3D sont recouverts de pixels blancs.
La gestion de la lumière est également très étrange car la plupart des surfaces ont un aspect violeté inexpliqué et l’image en général est surexposée, créant alors une image plate et à l’apparence brûlée.
Toutefois, il fait bien avouer que les animations des Pokémon sont plutôt bien travaillées, notamment pour leurs attaques où ils utilisent enfin les membres de leur corps plutôt que de pivoter sur une plateau tournant. Mais on a encore des animations paresseuses pour les dialogues avec les PNJ, notamment quand on récupère un objet : les mains de notre personnage et du PNJ ne se touchent même pas la plupart du temps et l’objet est physiquement absent.
Malgré tous ces ratés artistiques, le jeu demeure plutôt stable, il n’y a pas de gros ralentissement à noter en pleine partie, ce qui est toujours un très bon point pour ne pas gâcher en plus l’expérience du joueur. Toutefois, la fréquence d’images des animations est gérée de manière inégale et confuse pour les modèles 3D au loin. La plupart des Pokémon continuent à bouger à 30 images par secondes quand ils sont presque hors de vue mais certains ne seront animés qu’à 15 images par secondes même en étant à peine à 10 mètres d’écart. Ces irrégularités laissent perplexe quant à la capacité de Game Freak à savoir utiliser rationnellement les ressources et les astuces à leur disposition pour faire tourner leur jeu correctement.
On pourra aussi regretter le faible nombre de cinématiques travaillées (dans le sens avec une mise en scène et des angles de caméra bien pensés) vu que le jeu les réserve pour les événements importants de l’histoire. C’est dommage car le jeu se prête plutôt bien à cet exercice.
En ce qui concerne la musique, Légendes Pokémon : Arceus joue la carte de The Legend of Zelda : Breath of the Wild en limitant leur utilisation pour privilégier une ambiance sonore constitué de bruits naturels et ainsi forcer le jouer à écouter attentivement ce qui l’entoure pour repérer les Pokémon à proximité. Néanmoins, quand le jeu utilise des musiques, il marque bien souvent dans le mille.
La plupart des compositions sont des réinterprétations de thèmes venant principalement de Pokémon Diamant et Perle tout en collant avec la période temporelle dans laquelle se déroule l’histoire. Il a également quelques compositions inédites mais dans les deux cas, la bande son est excellente comme bien souvent dans les jeux Pokémon.


Bien qu’inégal et gâché par des graphismes indignes d’une Switch et d’une technique aux fraises, Légendes Pokémon : Arceus est, tout de même, une bonne surprise et un bol d’air frais pour la licence Pokémon. Le gameplay basé sur la chasse aux Pokémon plutôt que sur les combats offre une boucle amusante, addictive et complémentaire avec les environnements plus ouverts et propices à l’exploration. Alors que la 9e génération vient d’être annoncée comme étant en monde ouvert, on espère que Game Freak saura apprendre de leurs erreurs mais aussi de leurs succès pour remettre la saga sur le droit chemin et lui permettre d’enfin évoluer.


Genre : RPG
Langue : Français
Développé par : Game Freak
Édité par : Nintendo
Taille : 6223 Mo
Sortie : 28/01/2022
PEGI : 7+
Plateforme : Nintendo Switch

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