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Avis : Yakuza, Like a Dragon [Playstation 4]

« C’est absolument génial ». Imaginez quelqu’un à côté de vous répétant cette phrase en boucle en jouant à un jeu. Dites-vous une chose, cette personne, c’est moi face à ce Yakuza Like a Dragon. Vous, en regardant l’écran, êtes circonspect. C’est quoi cette bande de quadras japonais tabassant tout ce qui bouge dans un Japon moderne ? Pourquoi le SDF de l’équipe peut invoquer des pigeons pour se battre ?

Depuis quand Yakuza est devenu un RPG en tour par tour ? Pourquoi répète-t-il en boucle « c’est absolument génial » ? C’est justement ce à quoi va servir cette critique qui commence avec un immense spoiler : Yakuza Like a Dragon est probablement le meilleur épisode de cette saga. Mais attention, à cause de sa nature de « soft-reboot », il accuse quelques défauts de jeunesse impossible à ignorer.

SEGA, c’est plus Yakuza que toi
Pour les trois du fond qui n’auraient pas suivi, c’est quoi Yakuza ? 31 mars 2001, Sega annonce l’arrêt de la production de sa dernière console, la Dreamcast, pour devenir développeur et éditeur sur tous les supports de jeu du marché. Beaucoup à l’époque ont pensé que SEGA, armé de Sonic et d’une tripotée de licences légendaires, allait devenir l’éditeur numéro 1 mondial en roulant sur tout le monde. Perdu. On ne va pas expliquer les longues raisons du pourquoi du comment, mais la firme d’Haneda trouvera son salut, et accessoirement fera grandement tourner la baraque avec non pas de vieilles licences (excepté Sonic), mais une nouvelle, lointaine héritière de Shenmue, Ryū ga Gotoku.
8 décembre 2005 sur PlayStation 2 donc, les Japonais découvrirent la première aventure de Kazuma Kiryū dit « le Dragon de Dōjima », un yakuza au grand cœur, mais capable de casser quelques bouches quand c’est nécessaire. Beat em up en monde ouvert, bêtement appelé le « GTA-Japonais », avec une ambiance de dingue, mais avec une technique discutable, Ryū ga Gotoku (renommé Yakuza chez nous) s’écoulera en un an à 870 000 exemplaires uniquement au Japon. Pour un Sega qui a du mal à retrouver des couleurs depuis la fin de la Dreamcast, la machine à billet est de nouveau en marche. Après 6 jeux canoniques, 1 préquel, 5 spins offs, 2 remakes, 5 remasters, 2 films, la saga rentre aujourd’hui dans une nouvelle ère.
L’histoire de de Kazuma Kiryū ayant pris fin dans Yakuza 6 : The Song of Life (2016), l’occasion était trop belle pour proposer un « soft-reboot », un redémarrage, avec une nouvelle histoire, un nouveau personnage principal pour brasser un plus large public et ainsi tenter celles et ceux qui n’osaient pas encore franchir le pas. Remettons compteurs à zéro, pas besoin d’avoir fait les autres épisodes pour jouer à Yakuza Like a Dragon, qui en plus, est traduit en français. Non, vous n’avez aucune excuse pour ne pas vous attaquer à un tel monument du jeu vidéo japonais.

Une jaquette japonaise qui aura fait rêver quelques fans d’import à l’époque

Like a Dragon Quest
Nouvelle histoire donc nouveau personnage principal. Vu la popularité dont jouit Kazuma Kiryū qui a littéralement porté la licence Yakuza sur ses épaules pendant moult jeux, c’est à se demander par quel miracle Sega va réussir à le remplacer. Mais après 80 h de jeu, aucun doute, ce nouveau héros du nom de Ichiban Kasuga est clairement à la hauteur des attentes. Pour une simple et bonne raison, SEGA n’a pas commis une grave erreur, celle de lui donner le rôle de « Kiryū de service ». D’ailleurs, aucun des nouveaux personnages de Like a Dragon rappellent ceux des anciens et c’est tant mieux.
Yakuza au service d’une petite famille qui évite de faire des vagues, Ichiban se définit lui-même avant tout comme étant un grand fan…de Dragon Quest ! Non, ce n’est pas une blague et oui le célèbre rpg de Enix revient souvent dans les discussions entre les personnages, accompagné de nombreux clin d’œil tous plutôt bien sentis. Ne me demandez pas comment SEGA a réussi à convaincre les ayants-droits d’une chose pareille, mais c’est là, ça surprend, et c’est tout bonnement génial.
Ichiban est la figure même du looser magnifique. Incapable de monter le moindre coup, prêt à défendre la veuve et l’orphelin, se prenant pour le « héros » de Dragon Quest, disant lui-même se croire d’un rpg au tour par tour lorsqu’il affronte des ennemis, c’est à se demander comment un bon gars comme lui a pu finir dans le banditisme. Orphelin, élevé dans un bordel, notre homme semble être née le lendemain de la chance. Ne trouvant à idolâtrer comme figure paternelle que le chef Yakuza de la petite famille Arakawa, pour lui il acceptera tout, même l’impensable. Le 31 décembre 2000, tout bascule quand un membre haut placé de sa famille fait une énorme bêtise. Pour l’honneur, Ichiban accepte de se faire passer pour le coupable et écopera de 18 ans de prison. À sa sortie en 2019, le monde a changé, sa « famille de Yakuza » aussi. Au point d’être devenu un réseau tentaculaire ayant envahi une bonne partie du Japon. Ichiban n’est maintenant qu’une tache d’un passé peu glorieux qu’il faut effacer. Les emmerdes pour lui ne font que commencer dans un Japon qu’il ne reconnaît plus.
Ne vous inquiétez pas outre-mesure, nous n’avons rien spoilé ici, il s’agit simplement d’une petite partie de l’introduction. De plus, Sega ne nous autorise pas en dire en plus. (Regardez par vous-même le point rouge sur mon front pour vous en convaincre). Et c’est dommage, car avec son système de combat, c’est sûrement le plus gros point fort de ce Yakuza. Mais si l’histoire dans sa globalité est vraiment géniale, sa manière d’être narrée l’est par contre beaucoup moins.

Ichiban et sa bande de bras cassés. Des personnages incroyables qui participent à la réussite globale du jeu

Mais t’es qui toi ?
Comprenez une chose, Like a Dragon axe son histoire sur deux points en particulier. Le quotidien de nos personnages, leurs petites histoires et leurs quêtes personnelles. Et de l’autre, ce qui concerne les grandes familles de Yakuza. Si pour le premier aspect, le tout fonctionne à la perfection grâce à des dialogues finement ciselés, des situations pour la plupart brillantes, et de tout un tas de petites histoires qui une fois réunis forment un ensemble réussi, à partir du moment où ça va parler de familles, les embrouilles commencent.
Entre les différents noms, les différents clans, les différents rangs, les personnages qui ont une double identité, sans compter ceux qui peuvent être appelés par différents patronymes, il n’est pas rare d’être devant une cinématique et… d’absolument rien comprendre à qui fait quoi. Petit signe qui ne trompe pas, les scénaristes ont pensé à mettre des résumés de scénarios afin de ne perdre personne en route. C’est dingue de se dire qu’ils arrivent parfois mieux à expliquer une histoire en cinq lignes plutôt que dans des cinématiques qui peuvent durer plusieurs minutes.
Comprenez bien, ce n’est pas mauvais en soi ce que ça raconte, c’est juste que les scénaristes auraient pu grandement nous faciliter la tâche et ne l’ont pas fait. Raconter un bout d’histoire complexe entre différentes familles, s’arrêter en plein milieu, et la terminer des heures plus tard, pensant que c’est encore frais dans notre esprit est une bêtise. Surtout qu’entre-deux, nous avons fait plusieurs autres quêtes elles aussi scénarisées, impliquant d’autres personnages externes aux histoires de familles Yakuza. En clair, c’est parfois difficile de raccrocher les wagons, mais on y arrive, c’est le principal.
En parlant de ça, ce n’est pas forcément un défaut, mais vous devez le savoir avant de signer en bas de la feuille, oui des cinématiques peuvent durer plusieurs minutes avec comme seule folie de mise en scène des champ/contrechamp. Donc préparez-vous à poser la manette et à vous prendre quelques tunnels narratifs.

À ton tour (par tour)
Un certain premier avril, les développeurs de Yakuza ont annoncé que le prochain épisode serait un rpg en tour par tour. Tout le monde a bien ri. Mais certains ont commencé à voir flou quand Sega a annoncé que… c’était vrai. Surement le plus gros changement de ce volet, Yakuza passe d’un beat’em up urbain à un rpg au tour par tour.
Alors, comment justifier cela dans le scénario ? Vous l’avez peut-être déjà deviné, par l’intermédiaire d’Ichiban, le héros principal. Il « se croit » dans un rpg, il voit le monde comme un rpg, comprendre par-là que les autres protagonistes ne voient pas la même chose. Ce qui en devient un gag récurent dans le jeu comme cette fois ou Ichiban lance un « Wow, vous avez vu l’aura rouge autour de ce type ? », les autres lui répondent que non, forcément. Nous, en tant que joueurs, voyons le monde tel que Ichiban le voit. Donc quand Nanba, le SDF du groupe lance une attaque en vrai, Ichiban le voit invoquer… des pigeons attirés par des miettes de pain. C’est farfelu au possible, mais ça marche à la perfection.
Globalement, si vous savez ce qu’est du tour par tour, vous ne serez pas perdu. L’originalité de Like a Dragon vient du fait que les personnages se meuvent en combat, ce qui a une importance de taille pour les attaques de zone, ou il faut attendre que les ennemis se placent au bon endroit pour en toucher le plus possible. Autre point, il est possible d’interagir avec le décor, par exemple, frapper un ennemi qui ira se rétamer dans une voiture lui faisant perdre 100 points de vie supplémentaire. Vous serez aussi sollicité pour les attaques spéciales, en appuyant sur les bonnes touches au bon moment. Comprenez une chose, les combats sont loin d’être statiques, c’est même tout l’inverse. Ça se déplace, ça bouge, ça vole parfois, c’est un véritable feu d’artifice à l’écran. Ajouté à cela les techniques de groupes, les magies (si, si) et les… Invocations (non ce n’est toujours pas une blague) et vous obtenez un système de combat extrêmement solide, assez difficile à prendre en défaut.
Et comme tout bon RPG qui se respecte, il est possible de changer de job tout simplement en allant… au Pole-Emploi. L’idée est à hurler de rire, surtout que vous ne pourrez postuler qu’à tel ou tel job en ayant d’abord les compétences nécessaires comme dans la vraie vie. Vous pouvez être cuisinier, croupier, garde du corps, jusqu’à aller à des métiers peu conventionnels comme Idol, danseur, ou encore… Dominatrice SM ! Dans le but d’acquérir des compétences propres à chaque métier, ou alors vous spécialiser dans un seul et être le meilleur dans le domaine. Pareil, rien à dire sur cet aspect, c’est carré, et très facile à comprendre.
Malgré ce concert de louanges, il faut quand même parler de quelques points noirs.

Le J-RPG à la dure
Devenir un rpg au tour par tour, ça ne peut pas se faire parfaitement dès le premier essai. Par exemple, faire 50 mètres et de devoir affronter plusieurs groupes d’ennemis à la suite. Au début ça va, à la longue ça devient usant. Ça peut paraitre ironique de se plaindre dans un rpg de combats aléatoires, mais là, ça atteint des proportions assez ahurissantes. Sincèrement, ne sous-estimez pas ce point. Autre aspect qui portera surement à polémique dans quelques semaines une fois que tout le monde aura joué au jeu : les pics de difficulté.
Like a Dragon, globalement, n’est pas un rpg très difficile sauf contre… Les boss. Ils vont vous botter l’arrière-train sans que vous ayez le temps de comprendre ce qu’il se passe. L’on pourrait excuser les développeurs de leur relative inexpérience dans le domaine du J-RPG et c’est surement ça qui explique pourquoi les boss sont une véritable tannée. Même avec un bon niveau, même avec un bon équipement, ils vont vous rétamer sévère. Préparez-vous à roter du sang, et pour certains, je n’avais plus revu ça depuis une certaine série du nom de Dark Souls. Vous pouvez avoir un bon bagage dans le J-RPG, mais même avec ça, si votre plan d’attaque n’est pas parfait à 100 %, ça ne passera pas. Et encore, il vous faudra un peu de chance que le boss ne sorte pas trop d’attaques imparables, sinon, c’est la mort assurée.
Dernier point, si Ichiban est KO, c’est game over, même si votre team pète la forme. Si vous avez le malheur que le boss pour X ou Y raison le prenne en grip, c’est terminé. C’est assez énervant, on ne va pas se mentir.

Le boss qui se trouve devant Ichiban a eu raison de ma santé mentale

La technique du Dragon sans punch
Un point rapide sur la direction artistique. Si les buildings, le béton, les enseignes lumineuses et tout ce qui va avec un Japon urbain et moderne c’est votre truc, tant mieux. Car c’est tout ce que vous verrez dans le jeu. En même temps avec un jeu se nommant Yakuza, il ne faut pas s’attendre non plus à une balade champêtre. Et malgré le fait que le jeu se déroule uniquement dans de grandes villes, il arrive quand même à apporter des nuances, des couleurs, des ambiances dans chaque quartier, au point même ou en une poignée d’heures, plus besoin de regarder la map pour savoir se situer. Que l’on se comprenne bien, nous ne sommes pas dans de l’ultra-réalisme, une reproduction du monde réel, mais il y a assez de petits détails à l’écran pour y croire un minimum, renforcé par un sound-design lui aussi réussi. Passez à côté d’un restaurant et vous entendrez bruits de casseroles, de gens qui discutent, qui rigolent. C’est tout con, mais ça marche.
Là où le bât blesse, c’est dans la technique. Développé sous Dragon Engine, un moteur spécialement créé pour la série, soyons honnête, si ce dernier n’a que quelques années, il fatigue déjà. Entre les personnages qui apparaissent à deux mètres de vous, de l’aliasing dans les cheveux ou sur les barrières, des textures d’un autre âge, et des effets de lumières et de reflets basiques, l’on ne peut pas dire que Like a Dragon soit une bombe technologique. Il est même à des années-lumière de certains AAA. Ce n’est pas pour autant que le jeu est moche, c’est même globalement correct, il est juste sans folie sur ce point. Et pour le 60fps, vous allez devoir attendre la PlayStation 5 et la Xbox Series X.

Ma petite entreprise
Un dernier point avant la conclusion, les activités annexes. Le jeu en regorge, et oui, il y a des salles d’arcade blindés de vieux jeux Sega et ça fait toujours plaisir entre deux missions de se faire un petit Virtua Fighter 2. Karting, golf, et j’en passe, mais si une activité annexe, une seule doit retenir votre attention, c’est la gestion de l’entreprise Ichiban. Véritable jeu dans le jeu, vous allez devoir embaucher, virer des personnes, acheter des bâtiments, vous attaquer à la bourse japonaise et… c’est une sacrée drogue. (L’auteur de cette bafouille, sur plus de 80 h du jeu, en a surement passé une quinzaine rien que dans ce mini-jeu qui a tout d’un grand). L’entreprise Ichiban a en plus son pan de scénario qui lui est dédié complètement écarté de la trame principale. Vous êtes prévenu, tentez l’expérience une fois, et c’est fini de votre vie sociale.

bisou je m'envol
bisou je m’envol

Une belle réussite, vivement la suite !
Avec une histoire géniale, un humour loufoque, des personnages hauts en couleur, un système de tour par tour brillant, et une durée de vie largement conséquente, Yakuza réussi en un épisode à entamer sa mue. Déjà d’être le meilleur jeu sorti des écuries de Sega depuis des années, il est aussi celui qui redonne foi en l’avenir de la firme au hérisson bleu. Malgré tout, il y a des erreurs de jeunesse, le passage du beat’em up au j-rpg ne s’est pas fait sans casse. Une difficulté parfois très mal dosée, des combats aléatoires beaucoup trop nombreux, des morceaux du scénario difficile à suivre, et une technique correcte, mais sans plus, nous font dire qu’il y a encore des points à améliorer à l’avenir.
Malgré tout, je ne peux que vous conseiller ce jeu qui sait comme aucun autre vous absorber pendant 80 heures dans un Japon moderne dont vous allez avoir bien du mal à sortir tant l’ensemble est captivant. Une belle réussite à qui l’on pardonne ses quelques défauts qui heureusement ne gâchent pas ses nombreuses qualités.


Genre : RPG, J-RPG 
Langue : Français 
Développé par : Ryu Ga Gotoku Studio
Edité par : SEGA
Taille : 8 GB 
Sortie : 10 Novembre 2020 
PEGI : +18 
Plateforme :  Playstation 4, Playstation 5, Xbox One, Xbox Series X/S

Testé sur : PlayStation 4 Pro
Exemplaire fourni par l’éditeur

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5 commentaires

  1. […] Retrouvez notre avis sur le blog à cette adresse. […]

  2. C’est un très beau test. Je n’ai joué qu’à Judgment, et cela me permet d’y voir plus clair sur la saga, et surtout sur son dernier né. A priori, ce n’est pas trop mon style, mais j’en entends tellement de bien, que le jeu commence à me tenter. Ce côté Don Quichotte yakusa a l’air effectivement hilarant, surtout quand on aime Dragon Quest.

  3. […] sur le blog qui mériteraient d’être mentionnés ici, dont notamment Yakuza Like A Dragon (lire le test), mais n’ayant pas pu mettre la main dessus je ne pourrais juger. Et vous ? Quels sont vos […]

  4. […] Avis : Yakuza, Like a Dragon [Playstation 4] […]

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