Résumé :
Une veuve spirituelle et jolie, mais sans un sou, trouve refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage, ou juste une coquette qui veut s’amuser ? Le jeune Reginald risque de payer cher la réponse à cette question… Grande dame du roman anglais, Jane Austen trace le portrait très spirituel d’une aventurière, dans la lignée des personnages d’Orgueil et préjugé et de Raison et sentiments.
Avis :
Jane Austen est une auteure connue et reconnue pour ses écrits de qualité. Elle a débuté l’écriture jeune avec un court roman épistolaire (genre apprécié au XVIIIème siècle) sur lequel je me suis penchée. Il est considéré comme son ouvrage de jeunesse le plus ambitieux, et il l’est.
Lady Susan Vernon est un veuve sans le sou, belle, élégante, intelligente, qui ne laisse pas les hommes insensibles et mère d’une jeune fille de 16 ans, Frédérica. Mais elle est aussi une femme, égoïste, hypocrite, fausse, venimeuse… machiavélique. Enfin c’est du moins comme cela que l’auteure nous la dépeint au travers des lettres que nous lisons dans ce court roman, comme une vraie peste, mais tellement captivante. C’est une femme forte, déterminée, sûre d’elle et de ses charmes, qui sait ce qu’elle veut et qui fera tout pour arriver à ses fins. Le jeune œil de Jane Austen sur ce personnage est étonnant de maturité.
Lady Susan aime à batifoler à droite et à gauche, le jeune Réginald de Courcy en fera d’ailleurs les frais. Elle souhaite marier sa fille qu’elle juge idiote, inintelligente, godiche. Elle lui choisira Sir James Martin, un homme exubérant que Frédérica ne souhaitera pas épouser.
Lady Susan sait surtout manipuler les gens et leur parler intelligemment de façon à les amener vers ses idées, ses envies.
Le livre est découpé en 41 lettres de divers protagonistes mais surtout des correspondances entre Lady Susan et son amie Mrs Alicia Johnson, de Mrs Vernon avec sa mère (Lady de Courcy qui ne porte pas Lady Susan en son cœur). Les autres correspondances étant essentiellement là pour se repérer dans le contexte et suivre les évènements tout en se concentrant sur les avis et sentiments de chacun.
On aime et on déteste Lady Susan, on plains la pauvre Frédérica, on veut faire ouvrir les yeux au jeune Réginald… nous ne sommes que les lecteurs passifs des évènements qui s’enchainent. Mais quelle délectation, quel ravissement que de se plonger dans ces quelques échanges et d’apprécier l’écriture châtiée et précise. Cet ouvrage est à connaitre, il va sans dire.
