J’ai lu : Les Coeurs Imparfaits de Gaëlle Pingault

Résumé :

Barbara, la cinquantaine est sommée de prendre en charge sa mère frappée de sénilité. Elle refuse, ayant peu d’affection pour cette mère qui ne l’a jamais aimée; elle veut pouvoir vivre sa vie d’universitaire extravagante et libre. Cependant, la nouvelle la touche plus qu’elle n’est prête à le dire, modifiant sa relation à ses amants, à ses étudiants, et même à la lecture, son plus grand plaisir.

Dans le même temps, Charles Bodier, médecin fantasque et désabusé de l’EHPAD où est hospitalisée la mère de Barbara, refuse de baisser les bras face à son apparente froideur : il la poursuit de messages décalés, jusqu’à établir le contact.

Barbara va découvrir le secret de cette mère distante, et Charles finir par s’avouer la souffrance qui se cache derrière son excentricité. A l’image de Lise, aide-soignante humaine et dévouée, ils vont ainsi apprendre tous les deux que le soin de soi passe par le soin de l’autre, et réciproquement.

Avis :

J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans « Les Coeurs Imparfaits » de Gaëlle Pingault, mais une fois lancée on ne s’arrête plus, on entre dans le tourbillon de la vie de Barbara, cinquantenaire paumée, de Rose, maman bipolaire, de Charles, directeur d’Ehpad malheureux dans son couple et de Lise, soignante au peps incroyable…

On a tous des fractures, on a tous des secrets enfouis, inavoués, inavouables… On a tous des vies chaotiques, des soucis, que l’on tente, tant que faire se peut, de laisser de côté, d’oublier jusqu’à ce qu’ils nous reviennent en pleine tête… On est tous un peu Barbara, Rose, Lise ou Charles…

Ce livre est pour moi une lecture en demi teinte. D’un côté je l’ai apprécié de par son histoire, de l’autre, je reste de marbre. Impossible de m’attacher ou de m’identifier aux personnages. Ils sont là, ils font le taff, mais je n’ai pas eu l’étincelle qui fait que l’on s’attache, que l’on adore, que l’on a envie de rire ou de pleurer… Puis on ne rentre pas assez dans le tourment de Barbara. Elle se pose des questions, beaucoup de questions, mais ce n’est pas assez creusé à mon sens. On veut se tourmenter avec elle, et au contraire elle laisse de marbre par sa froideur et son air hautain. Ce côté n’est pas assez poussé pour rendre ce personnage totalement humain et attendrissant.

Pourtant toutes ces vies gâchées avaient un potentiel énorme si on entrait plus dans la tête des personnages. Charles est peut être celui qui est le mieux travaillé, le plus exploité. Il imagine réaliser telle ou telle action, il a des regrets, des remords, il s’exprime devant ses enfants. On arrive à le plaindre, à s’attendrir, à avoir un peu pitié de ce personnage qui a gâché une partie de sa vie auprès d’une femme acariâtre. Mais pour Barbara non, ce n’est pas pareil. Il y a la gentille Lise qui apporte tellement de douceur, alors que elle aussi a besoin qu’on prenne soin d’elle autant qu’elle prend soin des personnes âgées de l’Ephad. Une personne vrai, entière, gentille et douce comme on aimerait en rencontrer plus souvent.

« Les Coeurs Imparfaits » est bien écrit. Les chapitres sont courts et donnent du rythme à la lecture. On navigue entre les personnages dans lassitude, on a de petits flash-back sur le avant afin que l’on comprenne ce qui a été vécu. Mais voilà, il manque l’attachement, l’envie de vivre avec les personnages, de les aimer, de souffrir avec eux… C’est un détail, mais qui peut être important.

Des vies ratées, des vies cabossés, des choix qui n’ont pas été les bons, des vies qui se voient modifiées, des choix à faire, des vies à vivre autrement, différemment. Comme quoi le passé nous rattrape toujours même si on le nie, si on l’enfoui, il sera toujours là, fera toujours partie intégrante de nos personnalités, de nos êtres, il vibrera en nous… A nous d’en faire bon usage !

Un livre qui me laisse un petit arrière goût de « mer** put***, il est bon ce livre, mais… »

Livre lu dans le cadre de la sélection Prix Merlieux des bibliothèques 2020