Je n’attendais pas de nouvel album de Syrek et pourtant, il est venu à moi, un peu comme par magie. C’est beau, la magie.
Après la grosse claque Stories, Syrek revient avec un inattendu Stories 2. Le guitariste, virtuose, avait donc encore des histoires à nous raconter et un voyage à clôturer (enfin, s’il n’y a pas de suite). Découvrir les nouvelles compositions de Stories 2, c’est un peu comme lire le nouveau livre d’un auteur que l’on affectionne.
Entouré de la même équipe de musiciens surdoués, à savoir Marco Minnemann (batterie), Bryan Beller (Joe Satriani, Steve Vai…) et Mohini Dey (Steve Vai, Tony McAlpine…) à la basse, et Lalle Larsson (Karmakanic, Agents of Mercy…) aux claviers, le guitariste enchaîne les notes avec toujours autant de brio.
Je ne vais pas ici vous faire un long discours sur chacun des titres que j’ai pu écouter, car il faut les avoir découverts par soi-même pour en apprécier chaque note, chaque mouvement et en ressentir les émotions qui nous parcourent. Comment un simple texte, de simples mots pourraient-ils retranscrire réellement ce que j’écoute ?
Par le passé, je l’ai fait, de nombreuses fois, mais je ne suis pas musicien. Avec le recul, je me demande comment j’ai pu à ce point juger le boulot, le talent (ou non) des groupes ou des solistes que j’avais écoutés. Je suis juste un amoureux de belles notes, de mélodies, ou bien de gros riffs qui déchirent.
Je devrais plutôt m’attarder sur ce que je ressens à l’écoute des musiques, ce qui me traverse le corps, l’esprit ou le cœur.
Comment pourrais-je juger le travail d’un compositeur/guitariste aussi talentueux ? Et puis, il y a les autres musiciens : Syrek n’est pas seul… Je m’égare.
Seul… En écoutant Stories 2, j’ai repris le voyage débuté avec le premier album. J’ai retrouvé la voix de Keith Szarabajka qui narre une nouvelle fois cette expédition, cette odyssée si particulière.
Je suis toujours admiratif de la façon dont les compositions nous font naviguer dans ce vaste monde. On ferme les yeux et hop, à travers les cieux, comme sur un nuage, nous voilà partis sur un itinéraire virtuel qui pourrait bien être réel. Comment ne pas être comblé par « Boreal Cavern » et son introduction envoûtante ?
Si la force de Stories 1 et 2 est forcément la technique, il ne faut surtout pas oublier la mélodie. Prenez « They Have a Dragon » par exemple, qui tabasse véritablement au début, mais qui laisse sa place à une mélodie qui, par la suite, enveloppe la très grande partie du titre, certes avec le break, mais aussi en fond, avec les arrangements et d’autres subtilités très bien pensées.
Et puis, c’est fluide, constamment. Syrek a beau être technique, ce n’est jamais prise de tête au point d’être trop complexe pour le commun des mortels. Il y a un équilibre. D’ailleurs, il faut un équilibre : c’est vital pour profiter du morceau, encore plus lorsque le titre est un instrumental, même s’il se veut technique. On entend souvent dire que sans la maîtrise, la puissance n’est rien, lorsque l’on parle de voiture, mais c’est la même chose ici : sans mélodie, la technique, c’est chiant. À quoi bon faire défiler les notes si on perd l’auditeur avec des envolées stériles et sans âme ? Et Syrek prouve que l’on peut associer les deux, sans être trop mou ou bien sans tomber dans la démonstration pure. Certains devraient prendre exemple sur lui.
Le voyage se poursuit sur quinze titres, mais je vous le dis : c’est bien trop court. Le temps s’écoule bien trop vite, les oreilles posées dans le casque audio, on ne voit pas le temps défiler. On se réveille en quelque sorte lorsque la dernière seconde de l’album arrive, avec du vide. On aimerait tellement que tout cela se prolonge, pendant des heures. Alors, plutôt que de poser pied à terre et reprendre une activité normale dans ce monde sombre et ennuyeux, je vous conseillerais de repartir de zéro, là où tout a commencé, avec nos deux petites créatures venues sur Terre faire un petit tour de reconnaissance.
Revivre encore et encore leurs pérégrinations en musique, celle de Syrek, sans contrainte de temps, histoire de s’imprégner pour toujours de bons sons et d’en ressortir heureux pour de bon.
Dans la chronique du premier Stories, je mentionnais l’idée d’écouter l’album au coin du feu… Mais avec l’expérience proposée ici, je conseillerais plutôt de sortir, d’aller s’allonger dans un champ, puis de regarder les nuages passer et de laisser le temps s’écouler, car plus rien n’a d’importance en écoutant Stories 2 de Syrek.

1. Home Again
2. Adventureoverature
3. Harbortown
4. Set Sail By Bottle! (To The Frozen North)
5. A New Land (The Stag)
6. Snow? Snow! 09:46 instrumental
7. Boreal Cavern
8. The Battle Of Lumlin Homlet
9. A Parliament Of Owls
10. They Have A Dragon
11. Queen’s Court
12. Winterqueen
13. Citadel
14. Sails And Starlight
15. Home Again, Again

