Jusant
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Avis : Jusant

Il s’annonçait pourtant beau et agréable ce Jusant, dernière production de DON’TNOD, retraçant le périple solitaire d’une courageuse aventurière arpentant l’ascension d’une immense et interminable formation rocheuse.

Je dis qu’il s’annonçait beau et agréable, car vous l’avez sans doute deviné, mon ascension ne s’est pas déroulée comme prévu et si j’en garderai un très bon souvenir, il n’en reste pas moins que des défauts sont venus gâcher l’expérience.

Tout débute pourtant bien, avec ce concept frais et clairement à contre-courant (le studio aime ça et moi aussi), un titre contemplatif, avec une esthétique simple, où un enfant se dit que grimper sur une montagne peut être une bonne idée. De base, pour un joueur lambda, ce n’est pas le concept le plus attrayant et pourtant, la curiosité a du bon (c’est d’ailleurs ce que l’on prône chez ACJV).

Après quelques heures à grimper sans cesse sur le flanc de cette montagne ou bien dans son cœur, Jusant se veut être une aventure d’escalade (mais pas que, heureusement) vertigineuse, où se dégage un esprit poétique et qui derrière le véritable but du scénario se cache un esprit critique envers l’Homme et l’Humanité. Mais aussi, vous vous en doutez, l’écologie et comment chacun réagit à la catastrophe qui s’annonce. Car autant ne pas vous le cacher, Jusant est un titre post-apocalyptique dans ce monde pas si différent du nôtre.
Un monde asséché, un biome où l’on monte encore et encore sur une montagne ensoleillée, rien de bien transcendant, vous en conviendrez. Mais que s’est-il passé pour retrouver divers éléments marins (filets de pêche, bateaux), coraux, bottes, à tout jamais accrochées dans la roche ? Mais aussi d’anciens restaurants, ateliers ou encore habitations. Pouvait-il y avoir la mer ici ? Aussi haut ? Un royaume marin accroché à cette montagne ? La réponse ou du moins des brides de compréhension se retrouvent dans des lettres éparpillées et dispersées telles des pages du journal de bord d’une civilisation signée par une certaine Bianca.
Je n’en dirai pas plus sur ce qui nous est raconté/vécu, mais arrivé au bout du bout, on se pose beaucoup de questions sur notre monde et surtout la direction qu’il a décidé de prendre malgré ce que l’avenir lui réserve.

Mais c’est quoi au juste Jusant ? Quelle est la signification du mot ? Car oui, Jusant est dans le dictionnaire. C’est la marée descendante. C’est même pour être plus précis un terme maritime qui qualifie comme telle la période pendant laquelle la marée est descendante. Vous vous coucherez moins bête ce soir.
Cette définition reste assez floue lorsque l’on commence à gravir la montagne, mais prend tout son sens en progressant et en découvrant les lettres des anciens habitants de la montagne présents ici et là au gré de vos recherches et pérégrinations. Et puis il suffit également de se retourner, de regarder ce large désert où de nombreux vestiges d’un océan oublié semblent perdus et à tout jamais ancrés dans le sable.

DON’T NOD a donc décidé de proposer un jeu d’escalade pour nous faire passer un message. Mais l’histoire n’est pas vraiment ici, elle est plus du côté des Ballasts, entités recherchées par les anciens, qui paraît-il, étaient les seuls à résoudre les problèmes de tout un peuple, un monde en proie à la fin des temps.

Pour atteindre le sommet de cette montagne interminable, notre personnage va devoir user de ses bras, avec l’aide d’un petit être au pouvoir magique.
Si vous avez joué à Shadow of the Colossus, vous allez vite retrouver certaines sensations. Gravir des géants, c’est un peu comme gravir une montagne. Chuter et recommencer, s’agripper encore et encore, sauter, jauger le point de chute, espérer que votre endurance vous porte au sommet… Vous l’avez déjà vécu, n’est-ce pas ?
Jusant va pousser votre corps à bout. Arpenter les entrailles et les contours d’un rocher immense, ça se paye.

Votre personnage va pour pouvoir monter (et) sans chuter, déplacer ses mains gauches et droites à l’aide des gâchettes de la manette et en déplaçant le stick dans la direction souhaitée. Les premiers pas sont assez timides, mais on s’y fait rapidement. D’ailleurs, la deuxième ascension (si vous l’essayez) se fera bien plus facilement et naturellement que la première, ayant appris de nos erreurs et bien assimilée les trajectoires à prendre. Vous pourrez aussi sauter (double saut également), ou vous balancer à votre corde (piton bien ancré préalablement dans la roche) pour atteindre des prises plus hautes ou situées plus loin.
Avec le temps, vous arriverez à mieux gérer les trajectoires, les sauts, mais aussi la jauge d’endurance (à peine stressante). Jusant mise aussi sur un côté labyrinthique. Il faudra parfois bien observer pour trouver quel chemin emprunter. Plusieurs passages s’offrent à vous aussi. Malheureusement, c’est souvent pour aller dénicher du collectible (pour le 100%) et pas assez comme une opportunité différente de gravir la montagne. Cela reste tout de même un labyrinthe remarquable.
Dites vous bien que Jusant n’est pas une partie de plaisir et que la contemplation se mérite ! Les rares moments jouissifs seront lorsque vous aurez pu passer quelques zones complexes.

L’escalade doit rester un plaisir, mais Jusant manque à mon avis de récompenses contemplatives. Certes, le titre cache de magnifiques endroits, mais ce n’est jamais vraiment une façon de nous féliciter de nos exploits. C’est dans le cours du jeu et c’est tout.
Comme par magie, Jusant arrive à esquiver un côté répétitif pourtant annoncé dû à son gameplay. Pourtant, il y a comme un compromis, un équilibre qui a été trouvé. Et c’est un beau coup de force de la part des développeurs, car c’est une crainte que j’avais en commençant le jeu. On n’utilise pas toujours nos bras pour gravir. On utilise notre corde pour nous déplacer, nous balancer, on recherche des secteurs cachés et on descend aussi parfois. La verticalité n’est pas présente tout au long du jeu et le peu d’horizontalité apporte une véritable bouffée d’oxygène.
L’équilibre provient aussi peut-être de cette mécanique très simple, qui fait que plus avance, plus les chemins se font difficiles, mais ce n’est pas dû à ladite mécanique, qui reste totalement identique du début à la fin, mais plus au gameplay qui se durcit. La logique prend régulièrement le pas sur la rapidité. Il n’y a que trop peu de moments challengeant le joueur et l’on pourra avancer sans trop se prendre la tête. Il y a juste ce qu’il faut de piment dans cette aventure pour que l’on en garde un souvenir doux et poétique.

Dans cette solitude, dans ce que l’on peut appeler une épopée triste, il n’y a évidemment aucun dialogue. Seule la lecture des échanges entre les habitants disparus et le journal de bord de la dénommée Bianca nous accompagne. C’est alors que tout un tas d’émotions se manifestent entre la joie, la tristesse, la surprise et comme déjà écrit, le contemplatif. Mais Jusant joue également sur notre sens auditif. L’ouïe est mise en avant. N’hésitez pas à jouer au casque. Les musiques discrètes, les bruits ici et là qui sont transmetteurs de sensations (Je ne vous dis pas ce que j’ai ressenti lorsque j’ai entendu l’eau pour la première fois), font mouche et nous touchent profondément. Et puis le vent, les bourrasques, l’air frais … Tout ça, on le ressent.
Il y a beau ne pas avoir la mer, il n’en reste pas moins que l’on se sent immergé dans ce monde.

Dans ce monde onirique, triste et contemplatif, il y a pourtant quelques bricoles qui m’ont exaspéré.
Je pense notamment à la caméra. Elle n’est pas toujours placée aux bons endroits, nous limitant même parfois la vue à ne plus trop savoir où aller. C’est notamment le cas par moment sur des plans serrés (on se demande d’ailleurs pourquoi) où il est même quasiment impossible de la déplacer.
Notre personnage est aussi capable de se coincer dans certains endroits, avec la quasi impossibilité de s’en sortir seul. Attention où vous tombez si vous chutez sous peine de ne plus pouvoir remonter. Ici la caméra devenant par moment folle, ne sachant plus où se placer. Ce n’est pas grand-chose, vous me direz, mais cela m’est arrivé plusieurs fois par chapitre (sauf le dernier).
Autre souci, plus récurrent malheureusement, l’immobilisation de notre jeune grimpeur lorsque l’on vagabonde sur le sol : n’essayez pas d’aller voir ce qui se cache dans les décombres, c’est un conseil.


Ces petits bugs ne sont pas ce qui m’a empêché de profiter pleinement de Jusant. Cela fait partie du ‘jeu’, si je peux me permettre et il faut s’en accommoder.
Non ce qui m’a vraiment déçu, c’est ce manque de récompenses pour les exploits réalisés. On avance, toujours, avec quelques beaux moments visuels (chapitre 4), mais on ne reçoit pas la claque, l’émotion que l’on pourrait ou devrait recevoir.
D’autant qu’on les attend ces émotions. Toute cette exploration encouragée par le fait qu’à aucun moment, on nous dise pourquoi nous devons grimper si haut, doit être soutenue et appuyée.
Si ce sont les collectibles cachés dans le cœur de la montagne nos seules récompenses, je trouve que cela fait un peu juste pour tous les efforts réalisés, et cela, malgré un final étonnant et chargé émotionnellement.
Également, Jusant me parait trop court, pour ce qu’il a à apporter, du moins si vous vous contentez de ne le terminer qu’une fois. Il ne faut pas hésiter à faire un second run pour profiter et surtout dénicher ce qu’il y a à découvrir. Entre les pistes secondaires et les collectibles oubliés vous aurez de quoi faire. Et c’est ici que la montagne devient un plaisir à gravir.


Le manque de finition parfois frustrant (une mise à jour est prévue à la fin du mois de novembre), n’empêche pas Jusant d’être une belle aventure narrative. Totalement dépaysant, le gameplay et le level design sont le point fort du jeu de DON’T NOD. Bien pensée, avec une prise en main immédiate, l’aventure post-apo reste soignée et agréable à jouer.
L’ambiance particulière œuvre à l’immersion et c’est aussi très réussi de ce côté là.


Genre : Plate-formes
Langue : Français
Développé par : Don’t Nod
Edité par : Don’t Nod
Taille : 3187,00 MB
Sortie : 31 octobre 2023
PEGI : +3
Plateforme : SwitchPlaystation 4|5, Xbox Series|One, PC,


Jeu testé sur Steam/Xbox Series S
Jeu offert par l’éditeur

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