Sorti en mai 2023, Darkest Dungeon 2 est la suite tant attendu du célèbre jeu de rôle et de stratégie développé par Red Hook Studios.
Ce nouvel opus nous plonge dans un univers encore plus sombre et impitoyable, où chaque décision peut être fatale. Préparez-vous à embarquer pour un voyage maudit à bord de votre diligence, dans une quête désespérée pour empêcher l’apocalypse.
N’ayant pas joué au premier opus, je ne vais pas pouvoir juger la pertinence des différences et améliorations apportées sur ce nouveau titre, mais j’ai pris le temps de regarder le gameplay de Darkest Dungeon premier du nom pour me préparer à cette critique.
Darkest Dungeon 2 ne perd pas de temps pour donner le ton puisque avant même de lancer quoi que soit, un message nous avertit de la difficulté élevée du jeu, annonçant par la même occasion nos faibles chances de succès. Le ton est ainsi donné, je vais pleurer du sang avec cette difficulté. Et clairement, ce message n’est pas mensonger du tout, puisque la progression vers le firmament est totalement apocalyptique.
Et le pire dans tout ça, c’est que nous ne sommes pas aidés par qui que ce soit pour comprendre les nombreuses mécaniques du jeu.
Me voilà prévenu, Darkest Dungeon 2, comme son prédécesseur est dur, très dur. Et je vais subir encore et encore le courroux des morts-vivants que nous allons rencontrer dans cet enfer. Sans être totalement punitif, les boucles du jeu m’ont rendu complètement fou. Et ça tombe bien, puisque la folie est l’un des axes de Darkest Dungeon, avec tout d’abord ce narrateur à la voix hypnotique, puis ces graphismes hors du commun aux teintes très sombres et menaçantes et enfin cette montagne menaçante qui nous observe continuellement.
Vous n’avez qu’un objectif, atteindre la montagne pour y découvrir son secret et ce qui s’y cache.
Pour cela, vous devrez constituer une équipe puis vous partirez dans une diligence pour traverser des régions plus lugubres et morbides que jamais. La progression sera lente et psychologiquement dure. Surveillez bien le mental de vos troupes, sous peine de voir arriver la mort bien plus vite que vous ne pourriez l’imaginer. La misère et l’effroi vous attendent à chaque coin de rue. Faîtes bien attention où vous mettez les roues de votre foutue calèche, pour qu’elle ne devienne pas votre cercueil.
Comme tout bon Rogue Lite, chaque expédition est unique, avec des ennemis multiples et toujours prêts à vous faire la peau. Les choix stratégiques à faire à chaque combat sont évidemment primordiaux, mais il vous arrivera sans doute de tomber sur des adversaires difficiles à tuer, voire tout simplement impossible à cause d’une santé bien trop faible pour espérer quoi que ce soit. La difficulté est là, toujours au rendez-vous, avec des combats souvent perdus d’avance. Et pourtant, il ne faut pas baisser les bras et attendre des ressources plus avantageuses ou bien un tirage d’adversaires plus soft.
Point de déplacement à pied, vous allez diriger votre diligence à travers la misère humaine et ne devrez mettre pied à terre que pour affronter les forces du mal. Durant les trajets, vous en profiterez pour collecter des objets sur la route, mais aussi prendre des décisions quant aux nombreux embranchements qui vous seront proposés. Des parcours plus simples, avec du ravitaillement ou bien des combats acharnés vous attendent donc sur ce long chemin que l’on croit interminable quand bien même certains arrêts à l’auberge vous feront respirer le temps d’une bonne nuit. Ce sera aussi l’occasion de vous soigner et de changer d’équipements.
La diligence n’est pas qu’un moyen de progresser, elle est aussi une couche de gestion supplémentaire avec des équipements à lui assigner pour la renforcer ou bien la réparer. Il faut que vous puissiez voyager dans un confort maximal, sous peine de voir votre troupe sombrer toujours plus dans la folie. Une exigence de plus sous peine de rendre l’aventure encore plus difficile. Darkest Dungeon II, je l’ai dit, est difficile et ne fait pas de cadeau. D’ailleurs, ne cherchez pas le tutoriel, c’est ni plus ni moins que le premier niveau, où vous êtes jetés en pâture à tous ces démons macabres, qui n’attendent qu’une chose, vous faire la peau.
Cette suite de Darkest Dungeon 2 marque aussi par ce facteur psychologique. Je l’ai dit, il est très présent. Chaque mésaventure rencontrée en diligence vous affecte, tout comme les coups reçus durant les combats. Chaque héros a sa propre histoire tragique à découvrir, et cela l’affecte selon vos choix sur le parcours. Vous pourrez renforcer des liens entre personnages, mais vous pouvez aussi créer de la méfiance, mais aussi du désespoir, de quoi renverser la situation à votre désavantage (ou avantage -plus rarement). Plus votre personnage s’enfoncera dans le désarroi, moins vous aurez de chance de vous en sortir. Limiter votre stress est donc tout aussi primordial que survivre, et cela nécessitera l’utilisation de compétences et d’objets ce niveau de stress de votre groupe tout au long de votre voyage.
Quant aux liens, vous verrez qu’il est tout autant important que le stress. Les développeurs ont vraiment placé les curseurs très hauts sur le relationnel et cela rend l’aventure encore plus anxiogène. Imaginez que choisir de soigner un personnage affaibli plutôt qu’un autre pourrai provoquer la colère de ce dernier, ou bien que porter le coup fatal à un monstre puissant inspirera de la jalousie entre vous, le tout dans une ambiance narrative folle.
Les combats sont à mon sens trop souvent en votre défaveur, avec des ennemis qu’il va falloir tuer encore et encore avant d’être en mesure de livrer une bataille digne de ce nom. Nous avons beau avoir de nombreux pouvoirs et capacités (ou comme le saignement, ou l’empoisonnement), avec de formidables effets de buff et débuff en début de tour, qui s’avère être diaboliques pour venir à bout de vos adversaires, malheureusement, ils en possèdent des biens plus puissants et efficaces qui finissent quoi qu’il arrive par vous dégoûter.
Si je fais une remarque sur ce manque de « chance », je tiens à signaler que j’ai tout de même vraiment adoré le système de combat dans son ensemble. Tout est finement conçu et calibré pour apprécier le moment.
Je pense notamment à certaines compétences qui ne peuvent être utilisées qu’à partir d’une position spécifique, n’affectant que les ennemis ou les alliés dans d’autres emplacements spécifiques. La gestion de l’équipe est assez ardue (même en faisant l’effort de lire le didacticiel pour y comprendre certaines finalités), mais même avec un défi de taille se dressant devant nous, on s’amuse plus qu’on ne rage.
C’est aussi ça la force des Rogue Like, nous rendre en quelque sorte accros à la défaite.
Le système de combat reste quoi qu’il arrive très complexe et alambiqué. Le glossaire, qui sert de tutoriel également, est ras la gueule d’icônes expliquant le buff et debuff que vous devez quoi qu’il en coûte d’apprendre avant de vous engager dans la bataille, pour avoir la moindre chance de gagner. Oui, c’est complexe, trop peut-être, et c’est trop intimidant pour quelqu’un qui débute. À ce titre, on n’a pas l’impression que les développeurs aient pensé un instant aux nouveaux joueurs. Connaisseurs ou non du premier Darkest Gungeon, vous voilà balancés dans cet enfer sans trop savoir où vous êtes.
Un des ajouts majeurs de Darkest Dungeon 2 vis à vis de son prédécesseur est l’Autel de l’Espoir. C’est un système d’améliorations qui permet de débloquer des bonus après chaque mort, vous permettant de repartir de plus belle (mort) avec de nouveaux avantages. Le choix est varié et vous pourrez choisir ce qui est important selon vos besoins. C’est ici que vous pourrez améliorer la diligence, booster vos personnages ou bien encore obtenir de l’équipement.
Avant de parler de l’ambiance graphique apportée au jeu et de conclure, j’aimerais vraiment faire un focus sur cette difficulté, qui m’a rendu fou. Oui, vous trouverez les batailles difficiles, mais c’est la longueur du chemin qui émet le plus de frustration. Oui, les ennemis de base sont capables de vous détruire en rien de temps si vous ne faites pas attention, mais ce qui vous tue, ce sont bien les combats à répétition, des assauts qui semblent ne jamais finir. Et lorsque vous pensez être au bout du chemin, il reprend de plus belle pour vous écraser comme un moins-que-rien.
Tout ceci peut être exaltant si vous êtes sado maso, mais au final le poids des affrontements et la charge mentale que nous subissons finissent par nous démoraliser, nous démobiliser et nous rendre las. Les défaites précoces n’aident pas non plus à prendre confiance en nous, en notre talent à gérer notre frustration puisqu’au final, on nous offre trop peu d’opportunités d’apprentissage ou de progrès.
Dites vous bien qu’avec tous les malus d’équipe que vous allez subir, vous verrez vos troupes devenir plus faibles à la fin de votre course qu’au début. Ainsi, comment voulez-vous gagner contre des boss surpuissants et qui usent et abusent des buff et débuff sans vous laisser le moindre répit.
L’un des autres points forts de Darkest Dungeon 2, c’est évidemment sa direction artistique, qu’elle soit visuelle ou audible. Une direction artistique tout simplement magistrale qui fait le charme de la bête.
Des environnements superbement détaillés avec des couleurs et des ombres hypnotiques laissent deviner l’ambiance malsaine, présente tout au long du jeu. On ne peut penser qu’à Lovecraft dans le détail de certaines bêtes qui veulent votre peau.
Les personnages sont très détaillés dans leurs animations (certes un peu répétitives, comme les adversaires qui se dressent face à vous) et on aime les voir frapper à coup de marteaux, de boucliers ou de couteaux ces monstres remplis de haine.
La bande son est pesante comme jamais. Sombre, elle aussi, elle colle parfaitement à l’ambiance suante de crasse et malsaine. Enfin, la voix magistrale du conteur nous ronge de l’intérieur pour nous rendre encore plus accro avec ce ton et cet humour so British. Une pure réussite.
Darkest Dungeon 2 est une suite réussie. Je ne peux pas vous dire si elle arrive à surpasser l’original, n’y ayant pas joué.
En tout cas, l’expérience de jeu se révèle captivante et clairement impitoyable quant à votre santé mentale.
Associé à un gameplay roguelike au petit oignon, des héros aux histoires inoubliables et sa direction artistique sombre à couper le souffle, il s’impose comme un incontournable pour les amateurs de jeux de rôle et de stratégie. Si vous vous sentez capable d’affronter vos peurs les plus profondes alors n’hésitez pas à plonger dans le chaos d’un monde en ruine, malgré sa difficulté.
Genre : Rogue Like
Langue : Anglais
Développé par : Red Hook Studios
Edité par : Red Hook Studios
Taille : 4.74 Go
Sortie : 17 juillet 2024
PEGI : +7
Plateforme : PC, Xbox Series, Playstation 5
Jeu testé sur XBox Series X
Jeu offert par l’éditeur
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