Jeux Vidéo Test Jeux Vidéo Test Playstation Test Switch

Avis : The Great Ace Attorney Chronicles

Phoenix Wright…. une des œuvres pionnières du Visual Novel, sorti au début des années 2000 de nos belles contrées occidentales et au Japon sur une console portable de Nintendo qu’on appelait encore « Game Boy »…

On retrouve derrière le jeu Shuu Takumi, développeur principal de la série qui aura été absent des derniers épisodes (Dual Destinies et Spirit of Justice) sortis sur 3DS, suite au four fait par Apollo’s Justice qui devait marquer le début d’une nouvelle trilogie. Cependant, Takumi avait participé à l’écriture du crossover Professeur Layton vs. Phoenix Wright : Ace Attorney. Un jeu qui l’aura d’ailleurs visiblement marqué, au vu des nombreuses influences qui peuvent se retrouver dans Dai Gyakuten Saiban Chronicles ou « The Great Ace Attorney » chez nous (because non traduit).

Ce nouveau volet de la série des Ace Attorney se déroule à la fin de l’Ère Meiji, alors que le Japon s’ouvre à l’Occident et que le concept d’avocat est totalement nouveau. Le joueur suivra les mésaventures de Ryunnosuke Naruhodo, ancêtre du fameux Phoenix Wright, qui le mèneront jusqu’en Angleterre, avec une question en fil rouge : Un avocat doit-il défendre son client à tout prix ou plutôt suivre le chemin de la vérité, aussi incriminante puisse t-elle être ?

Découpé en cinq chapitres chacun, soit 10 affaires (enfin plutôt 9… la dernière affaire du second opus étant découpé en deux parties), le jeu commence cependant assez mal pour Naruhodo, ce dernier se retrouvant dès le départ accusé d’un meurtre… Son ami Kazuma Asougi (avocat également) devait le représenter et le défendre, mais suite à un concours de circonstances, Naruhodo décidera cependant de défendre lui-même son cas. Sa malchance continuera dans le second chapitre, où il sera cette fois-ci épaulé par Susato Mikotoba, l’assistante juridique de Kazuma Asougi. Par la force des choses, et après avoir durement gagné la confiance de cette dernière, Naruhodo et Susato se retrouveront en Angleterre où ils feront leurs premiers pas dans un tribunal à l’étranger. Naruhodo n’étant pas encore officiellement avocat lorsqu’il arrive à Londres et ignorant également comment se déroule un procès en Angleterre, ce sera Susato qui lui expliquera tout, cette dernière faisant en quelque sorte office de tutoriel pour le joueur.

La structure et le déroulement des deux Dai Gyakuten Saiban bousculent les habitudes des joueurs qui ont fait tous les épisodes de la série : si le premier chapitre n’a rien de surprenant, les suivants sont très différents de ce à quoi on aurait pu s’attendre. Le tout étant bien entendu agrémenté de petites nouveautés qui font ici leur première apparition dans la série et marquent l’identité propre de cette duologie.

C’est dans le second chapitre que Naruhodo fait par ailleurs la connaissance d’un autre personnage important : le célèbre détective excentrique Sherlock Holmes. Ce dernier est ici un personnage assez surprenant dont les déductions sont….. pour le moins hasardeuses !

Ses déductions peuvent heureusement être rectifiées par Naruhodo, ce qui se traduit ici par des phases de jeu où Sherlock Holmes et Naruhodo agissent en duo pour trouver la vérité : le joueur doit remettre de l’ordre dans les déductions de Sherlock Holmes et le corriger, en remplaçant le mot erroné signalé en orange dans le texte par le bon mot ; choisir le bon mot se fait en sélectionnant un objet se trouvant dans la pièce actuelle où le joueur se trouve, ou bien s’il s’agit des propos concernant une personne, de faire littéralement pivoter cette dernière (le joueur peut tourner autour !) afin de relever des indices que l’on peut facilement rater, comme par exemple une tache se trouvant dans le dos du personnage en question.

Une chose qui m’a surprise en bien dans cette œuvre est l’évolution du personnage de Naruhodo. De novice un peu perdu à avocat, le jeu lui en fait voir de toutes les couleurs, et il se remettra souvent en question : ce qu’il fait est-il juste ? Doit-il faire absolument confiance à ses clients ? C’est une question qui n’avait jusqu’alors jamais été réellement abordée dans la série, du moins, pas de cette façon-là, la tradition voulant (à de rares exception près…) que le client défendu soit systématiquement innocent.

Il est même intéressant de voir que les acquis de la série Ace Attorney, notamment cette fameuse « recherche de la vérité », soient ici remis en question. Par exemple (et sans spoiler), durant le procès à propos d’un meurtre dans le troisième chapitre, Naruhodo réussit à innocenter son client mais il se rend compte qu’il reste des points obscurs et que le gracié n’était peut-être pas si innocent que cela…. Il souhaite continuer le procès pour trouver la vérité, mais cela lui est refusé car les procès se contentent ici de déterminer si une personne est coupable ou innocente, ni plus ni moins ; s’il souhaite découvrir la vérité, il aurait alors besoin de plus de preuves, mais il faudrait également modifier la loi. C’est par ailleurs ce troisième chapitre qui reste le plus important du jeu, et c’est aussi ce procès qui remettra le plus en question Naruhodo qui, au contraire de Phoenix Wright avec son magatama ou encore Athena Cykes avec son Mood Matrix, ne peut que se reposer sur sa logique et son raisonnement : ce qu’il a fait était-il le bon choix ?

Une réponse qui sera trouvée dans le second jeu de la duologie… le premier ne faisant que poser des bases de réflexion.

Le jeu a un petit côté qui rappelle Professeur Layton vs. Phoenix Wright, et cela se retrouve au niveau du gameplay : il y a ici un élément similaire durant les phases de procès avec la présence de plusieurs témoins qui se tiennent les uns à côté des autres. Lorsque Naruhodo interroge l’un de ces témoins, les autres personnages peuvent réagir au témoignage de leur voisin et il sera alors également possible d’interrompre la personne qui aura fait une remarque.

C’est également lors du troisième chapitre que le jeu nous propose une nouveauté assez importante basée sur un système de jury : durant chaque procès, il y aura un jury de six personnes qu’il faudra convaincre de l’innocence du client que l’on défend. Il est expliqué que ces six jurés sont des citoyens choisis aléatoirement parmi la population anglaise, mais comme bien entendu nous sommes dans un Ace Attorney, certains jurés auront donc quand même un lien avec le procès, voire même ils feront partie du jury plusieurs fois tout au long du jeu.

Le problème avec ces jurés est qu’ils changent d’avis comme de chemise et sont facilement influençables : ils peuvent donner leur vote à tout moment. En choisissant la culpabilité ou l’innocence du client que l’on défend, cela fera basculer (littéralement) une balance remplie de flammes d’un côté ou de l’autre. Si tous les jurés votent coupable, ce n’est cependant pas la fin du jeu : le juge donne alors à Naruhodo la possibilité d’exercer une sorte de plaidoyer final, un droit unique durant lequel le procureur n’a pas le droit d’intervenir et où l’avocat peut contre-examiner les jurés et faire ressortir leurs contradictions. En terme de gameplay, cela traduit ici par le joueur qui doit donc interroger chaque juré puis exposer deux témoignages qui se contredisent en sélectionnant les deux bonnes personnes.

Bien évidemment, les choix du joueur tout au long du procès n’influencent en rien la décision du jury de voter coupable ou innocent, ces phases faisant partie intégrante du scénario. Naruhodo devra toutefois très souvent renverser la vapeur durant chaque procès (plusieurs fois par procès même…. ARGH) et convaincre les jurés de ne pas voter coupable ; une fois ces derniers convaincus, le procès reprend alors son cours normal.

Au niveau des personnages qui gravitent autour du héros, Susato représente la femme parfaite japonaise : plutôt sérieuse et calme, elle donne l’image d’une véritable Yamato Nadeshiko, mais elle n’est pas dénuée d’humour. Elle est probablement l’assistante la plus utile de toute la série étant donné ses connaissances en droit et une petite surprise à son sujet vous attend dès la première affaire du second opus….

L’autre assistante qui épaulera Naruhodo dans le jeu est Iris Watson, une petite fille de 10 ans qui est en fait un véritable génie et dont le sens de la déduction est irréprochable J’avais peur qu’elle entre dans le cliché de la gamine « je sais tout » énervante, mais en fait pas du tout, et Iris est un personnage très utile et amusant. C’est également elle qui écrit les aventures de Sherlock Holmes dans l’univers de Dai Gyakuten Saiban, bien qu’elle ait tendance à embellir la vérité.

Comme écrit un peu plus haut, Sherlock Holmes (ou plutôt « Herlock Sholmes pour des histoires de droits d’auteur…) est un personnage excentrique assez comique qui pourtant aidera énormément Naruhodo dans ses enquêtes. Si au tout début il apparaît vraiment comme quelqu’un de moqueur qui aime bien raconter des blagues douteuses, cela s’estompera au fil du jeu et il sera souvent décisifs lors des procès finaux. A titre personnel, j’avais vraiment peur qu’il ne s’implémente pas bien dans le jeu, étant un personnage historique issu des romans de Conan Doyle, mais je dois dire que j’ai adoré l’orientation prise avec lui. Il est hilarant et ses mimiques/sa gestuelle en font LA réussite du jeu à mon sens.

Un autre personnage important du jeu est le procureur Barok van Zieks, surnommé « La Faucheuse de Bailey » et craint par de nombreuses personnes pour sa « malédiction » : tous les accusés qui ont réussi à échapper à des verdicts coupables lors de ses procès sont morts dans d’atroces circonstances ensuite. Il semble garder rancune contre Naruhodo et tous les Japonais, et il se présente immédiatement comme un adversaire intimidant. Il est tellement expressif et imposant, ponctuant ses objections du versement d’un verre de vin ou d’un coup de bouteille et possède un passé sombre très intéressant. D’une beauté froide et charismatique, je le classe dans la moyenne haute des procureurs de la série, sans pour autant atteindre l’excellence d’un Blackquill ou d’un Hunter. On serait plutôt du niveau d’un Godot, voire légèrement plus haut à mon sens.

Je pourrai également parler de Kazuma Asougi, mon personnage préféré, mais comme c’est un spoiler sur pattes, j’éviterai. Disons seulement qu’il semble occuper un rôle similaire à celui de Mia dans le premier Ace Attorney, mais que Takumi a eu l’intelligence et la présence d’esprit de bousculer les codes établis avec lui… avec d’excellentes surprises à la clé, même si personnellement, j’ai un peu trop vite vu venir le piège…

D’autres personnages issus des romans de Conan Doyle mais légèrement remaniés font également leur apparition, comme l’inspecteur Gregson et la pickpocket orpheline Gina Lestrade. Même les personnages individuels du procès, les coupables et les suspects qui vont et viennent, ont leurs caprices et leurs conceptions de personnalité mémorables. Les jeux Ace Attorney ont généralement des distributions assez excentriques, et Dai Gyakuten Saiban Chronicles ne fait pas exception.

Les deux jeux de la duologie sont de véritables suites, se passant à 3 mois d’écart. Il faut donc garder en tête que le premier laisse volontairement des questions en suspens, qui seront TOUTES résolues dans le second volet. J’aurai tendance à voir les deux jeux comme un seul et même LONG (70heures) jeu.

En effet, s’il y avait un point négatif à souligner selon moi, ce serait la longueur des procès. Les chapitres semblent s’éterniser, à titre d’exemple, le premier procès dure pas loin de 7h, là où les premiers procès de la série (qui font office de tuto) durent en général plutôt 2h30-3h grand max…

Si je n’ai pas parlé des procès en eux-mêmes, mis à part le système de jury, c’est parce que finalement ils se déroulent de la même manière que dans un Ace Attorney classique. Il faut cependant ne pas oublier que le jeu se déroule dans le passé : il n’y a donc pas d’analyses d’empreintes digitales et encore moins de balistique judiciaire ici. Il y a cependant l’équivalent du luminol pour détecter les traces de sang, mais étant donné qu’il s’agit d’une création de Sherlock Holmes son utilisation ne comptera donc pas vraiment comme preuve irréfutable. Cela ne rendra pas pour autant la duologie plus difficile, qui dans l’ensemble ne pose pas trop de problèmes. J’ai cependant relevé quelques imprécisions à certains moments, concernant des preuves à présenter. Rien de bien méchant, mais j’ai bien ragé en direct car pour moi, il y avait un manque de logique flagrant. (exemple : je présente une preuve sur un témoignage, le jeu la refuse, je présente une autre preuve sur ce même témoignage, le jeu l’accepte et sort immédiatement la première preuve que j’avais présentée… heuuu WTF!?)

D’un point de vue technique, Dai Gyakuten Saiban est irréprochable. Les animations sont superbes et les mimiques des personnages comme les tics nerveux de Natsume Sōseki sont assez drôles, sans oublier les quelques bizarreries amusantes comme le bandeau rouge de Kazuma Asougi qui flotte tout le temps au vent, y compris dans les espaces fermés.

Concernant les musiques, signées Yasumasa Kitagawa et Hiromitsu Maeba, elles m’ont un peu rappelé celles de Professeur Layton vs. Phoenix Wright ; dans l’ensemble j’ai vraiment adoré la bande-son, qui est peut-être la meilleure chose à tirer de ce jeu. Mention spéciale au thème d’Asogi. « Nocturne » qui est une merveille de mélancolie.

Pour conclure, je dirai que The Great Ace Attorney Chronicles en tant que duologie unifiée reproduit tout ce qui a fait le charme et l’identité de la série en terme d’écriture et de thématiques. Pourtant, ces deux jeux ne sont pas dénués d’audace ni de surprises et même les habitués seront surpris par les directions empruntées. Il a de grandes révélations et des retournements de situation, une utilisation intelligente des examens et des déductions, et une distribution parsemée de personnages mémorables et attachants. Personnellement, je ne cracherai pas sur un troisième volet, le côté « historique » apportant vraiment quelque chose d’unique à la série. (ici, pas d’histoires d’ADN ou d’empreintes digitales…) Globalement, je dois cependant dire que la longueur des procès est à revoir, même si le second opus m’a semblé plus équilibré que le premier à ce niveau et plus palpitant également. Je pense que cette duologie peut être parfaite en tant que porte d’entrée de la série, à condition de comprendre l’anglais. Il peut s’avérer assez difficile avec la présence d’argot et de termes du 19ème siècle pas évidents.


Genre : Visual Novel
Langue : Anglais
Développé par : Capcom
Edité par : Capcom
Taille : 3545,00 MB
Sortie : 27 Juillet 2021
PEGI : +12
Plateforme : Playstation 4|5, Switch


Jeu testé sur Playstation 4

Jeu offert par l’éditeur

Retrouvez les vidéos de J-RPG Queen sur Youtube

Vous pourriez également aimer...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.