Genre : RPG
Langue : Anglais
Développeur : TALEROCK
Éditeur : Asterion Games
Sortie : 26/03/2019
Taille : 25 GB
4/10
Grimshade est un RPG qui trouve son inspiration dans les années 90, alliant Steampunk et Fantasy, dans un univers à la direction artistique attrayante développé par le studio Talerock. Le titre nous invite à combattre au tour par tour, incarnant un personnage à la densité de poil variable, en fonction de l’espèce à laquelle il appartient, allant de l’homo sapiens au blaireau, en passant par le taureau.
Ce mélange peu hétéroclite manie de l’arme à feu, pour des affrontements à la dimension tactique plus développée que ne pourrait le laisser croire les premières images. Non, il ne s’agit pas de tirer dans le tas, il va falloir faire fonctionner sa matière grise pour obtenir le résultat escompté.
Enfin, c’est ce qu’il ressort des premiers instants de jeu. Malheureusement, l’histoire va vite s’embourber dans un mélange confus de personnages issus de différentes factions qui cherchent, bien évidemment, à dominer tout le monde. Entre les humains et les créatures anthropomorphes, les alchimistes et les nobles, tous ayant des histoires qui n’ont pas toujours de sens, on a vite fait d’être submergés sous des informations contradictoires. La traduction en anglais de qualité médiocre n’arrange pas le problème, rendant le tout encore plus opaque.
On ne va pas se le cacher, Grimshade propose une expérience qui a de bons côtés, mais qui pêche sur de nombreux aspects.
Tout d’abord, abordons les points positifs, en premier lieu cette fameuse direction artistique. Les superbes backgrounds peints à la main et les sprites au rendu tout droit sorti des années 90 sont particulièrement réussis, agréables à regarder, avec leurs jolies courbes, leurs ombrages légers et la foultitude de détails dont ils fourmillent.
Quant à elles, les musiques sont tout simplement excellentes et mériteraient d’être écoutées et ré-écoutées hors du contexte du jeu, dont les dialogues et les bruitages viennent presque gâcher le plaisir auditif qu’elles procurent.
Mais, (voici le mais, celui dont on se passerait volontiers) les incohérences et les bugs viennent entacher un tableau par ailleurs soigné. Dans le détail, le reste des visuels semble appartenir à un autre jeu, un opus aux graphismes de moindre qualité. Pour ne citer qu’elles, les fenêtres de dialogue piquent les yeux et pour ne rien arranger, leur contenu est vide d’intérêt, un manque d’inspiration flagrant vient dénaturer une intrigue pourtant prometteuse.
En effet, la narration possède des éléments intéressants qui se perdent parmi un blabla insipide et cliché.
Le gameplay s’en tire avec les honneurs, avec des combats au tour par tour dont le principe est assez simple à appréhender. Malheureusement, c’est beaucoup moins simple dans le détail, en plus des soucis techniques viennent vite casser votre progression, vous obligeant à recommencer l’affrontement en cours.
Si seulement les phases de combat étaient rares… mais elles représentent l’axe principal des quêtes. Où que vous alliez, quoi que vous fassiez, une bataille sera probablement votre seule issue, bataille que vous risquez de recommencer plusieurs fois parce qu’un ennemi aura fait quelque chose que vous n’avez pas pu anticiper. De plus, vous pourrez déclencher un affrontement malgré l’absence d’ennemis visibles, ce qui vous oblige à vous soigner sans arrêt, de peur de vous retrouver coincé dans un combat perdu d’avance dans lequel tous les personnages commencent avec un unique point de vie. Très pratique lorsque vous êtes dans une zone où il n’y a aucun lieu pour vous soigner. Pour couronner le tout, les kits de soin coûtent 500 pièces d’or tandis qu’un combat en rapporte entre 25 et 75. Quelque chose me dit que vous allez régulièrement charger une sauvegarde afin de recommencer dans des conditions plus optimales (à moins que vous n’abandonniez tout bonnement la partie).
De plus, il faut vraiment chercher la dimension RPG, ici pas d’amélioration de statistiques ou de level-up, ni même de possibilité de soin en combat, cela ne sera réalisable qu’en dehors des affrontements. La seule aide que vous allez trouver réside dans le dévérouillage de nouvelles attaques, et encore, il faudra largement dépasser la dizaine d’heure de jeu pour obtenir de l’équipement susceptible d’offrir plus de choix en la matière. En plus de la lenteur d’animation, le résultat est mou et peu attrayant.
Si on ajoute à ça une difficulté mal dosée, autant vous dire que la redondance naturellement présente va se voir gonflée artificiellement et rendra le tout pénible. Quant à l’exploration, elle reste fastidieuse, le maniement des personnages manquant de fluidité et la carte des lieux ayant un défaut majeur : esthétiquement superbe, elle est parfaitement inutile.
Il me semble qu’il est temps de conclure la rédaction de ce test, qui n’est au final qu’une accumulation de points négatifs, dont certains n’ont pas été abordés. Inutile d’enfoncer le clou. Seule la direction artistique vient sauver Grimshade du naufrage, qui est le parfait exemple de la difficulté qu’ont les studios indépendants à remplir un cahier des charges exigeant avec des moyens financiers limités. Il ne fait aucun doute que Talerock a de bonnes idées et a travaillé sur un jeu qui a du potentiel, mais il faudrait clairement que l’équipe dispose encore de bon nombre de mois de développement et bien sûr de monnaie sonnante et trébuchante afin de réaliser un gros travail d’optimisation.
Quel dommage.
Test réalisé par Midnailah sur Steam avec un jeu offert par l’éditeur
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