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Chronique : L’histoire de la Dreamcast par Oscar Lemaire

Je suis de cette génération qui a connu la naissance, la gloire et la mort de la Dreamcast.

Belle parmi les belles, incomprise et trop en avance sur son temps, moquée de tous (ou presque) durant sa vie, au catalogue de jeux certes restreint mais bourrées de hits qui rendrait jaloux toutes les Playstation, la Dreamcast m’a rendu heureux durant sa courte vie.
Ce n’est certes pas ma console de cœur car la SegaSaturn a fait de moi le joueur que je suis aujourd’hui, mais la Dreamcast est ma console préférée, celle que je mets au-dessus de toutes les autres.

C’est aujourd’hui grâce ou à cause du rétro gaming et des retrogamers que la dame blanche connaît depuis quelques années un regain d’intérêt, une reconnaissance enfin méritée. Ceux qui l’avaient moquée, ignorée se rendent malheureusement bien trop tard de la génialitude de cette machine.

On peut toujours se dire que quoi qu’il arrive le mal était fait, à cause des pontes de SEGA Japonais (surtout) ou Américains (un peu) d’ailleurs qui ont fait absolument n’importe quoi alors qu’ils avaient la poule aux œufs d’or Megadrive/Genesis entre les mains.

Le livre écrit par Oscar Lemaire fait le bilan de l’ère où SEGA s’est pris les pieds dans le tapis et où ils ont mis leur dernière chance dans la Dreamcast. C’était la plus incroyable des machines et trop peu de personnes ont vu le potentiel de la bête. Arrivée à la fois trop tôt et trop tard, SEGA a tout foiré.
On pourrait dire que les planètes n’étaient alors pas alignées pour que la Dreamcast réussisse là où la SegaSaturn a échoué, mais c’est bien en interne qu’il y a eu des soucis.

A la lecture du livre, je dois bien vous avouer que j’ai été attristé tout du long. Attristé, peiné, malheureux même de voir comment a été malmenée cette pauvre machine.
On pourrait dire que ce n’est pas de chance, parce qu’elle était réussie cette Dreamcast. Elle avait tout pour elle, tout pour plaire aux joueurs et aux développeurs.

A lire le livre, on peut mettre évidemment tout le malheur de ces années sombres sur le dos du fabricant de la machine, cependant, si les joueurs ont été prudents c’est aussi un peu la faute des journalistes qui n’ont tout simplement rien compris. Je ne sais pas trop si dès le départ ils ont été aveuglé par la ‘puissance’ médiatique de la Playstation ou bien s’ils n’ont tout simplement pas compris le projet. Un jour c’était de l’incompréhension, la semaine d’après de la confiance, puis de l’ignorance, avant de l’espoir puis de l’oubli et du dédain. Aujourd’hui on retrouve un peu ce comportement avec une certaine marque à la couleur verte, mais ce n’est qu’un avis personnel.

A chaque page qui se tourne, c’est le souvenir de cette console qui se meurt. J’avais l’espoir de voir SEGA mettre un gros doigt d’honneur à Playstation avec cette machine à l’époque. J’étais sans doute crédule, ou idiot. L’histoire de la Dreamcast m’a remis à ma place. J’ai été choqué des chiffres que j’ai pu lire. Les chiffres incroyablement bas des ventes de jeux… J’étais mal, vraiment, à découvrir les ventes ridicules de Jet Set Radio, de Grandia 2, de Virtua Tennis ou bien encore de Phantasy Star Online. Désespérant.

Mais je reste fier de faire partie de ceux qui ont soutenu à l’époque la dame blanche, corps et âme.
D’avoir acheté de nombreux jeux, d’avoir pu jouer en ligne à PSO avec des Anglais ou des Allemands, d’avoir acheté Bangai-O et de l’avoir revendu quelques jours après parce que je n’avais pas aimé, d’avoir fait des centaines de kilomètre pour mettre la main sur Mark of the Wolves pour l’acheter day one et bien d’autres trucs sensationnels (mais irrationnels sans doute) à l’époque.

Il est dur aussi le moment où Oscar Lemaire parle de l’échec de la console au Japon. Quand je vois le nombre de jeux imports que l’on pouvait trouver sur Paris ou ailleurs en France, on peut même rajouter que le marché européen à soutenu la console sur le territoire où elle est née alors qu’elle était déjà en train de sombrer.

Le livre s’attarde aussi sur l’absence de EA sur la console. On nous explique pourquoi l’éditeur et développeur Américain n’est pas présent sur la console blanche, mais on ne répond à la question de savoir si cela aurait vraiment changé la donne. Lorsque l’on voit le massacre qu’a subi World Wide Soccer en passant de la 32 bits noire à la 128 Bits blanche on ne peut que se résigner. A contrario, lorsque l’on voit la claque qu’ont mis les équipes de Visual Concept à EA sur les jeux de basket et de Foot Américain (à tous les niveaux) on aurait été très heureux de vivre cette confrontation sur Dreamcast.

Le final du livre est quant à lui très difficile à lire si, comme moi, vous avez chéris la console à la spirale tout au long de sa vie et même encore aujourd’hui. Les dernières pages sont les marques d’une débandade totale de la part de la société nippone, du navire qui sombre et que personne ou presque ne sait comment faire pour reprendre le contrôle.

A l’heure où les rumeurs les plus folles sont racontées par ceux que l’ont appelle journalistes concernant Xbox, L’histoire de la Dreamcast permet de se replacer dans le contexte de l’époque et de la crise qui a failli tuer SEGA.
C’est un livre qui fait du bien pour nous qui avons vécu tous ces ratés de l’extérieur et qui permettra à ceux qui n’ont pas connu (ou ignoré) la console de comprendre tout le potentiel d’une machine incroyable. Dommage, il n’y aura pas de seconde chance.

  • Éditeur ‏ : ‎ Third Editions (11 janvier 2024)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 222 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2377844235

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