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Avis : Project Zero: Le Masque de l’Éclipse Lunaire

Peu connu en Europe, Project Zero est pourtant une licence phare du survival-horror et est connue pour son mélange de folklore japonais et ses affrontements de fantômes avec un appareil photo. Alors que l’opus Wii U, La Prêtresse des Eaux Noires, a été sorti en version remastérisée en 2021, voilà que c’est au tour de l’épisode Wii, Le Masque de l’Éclipse Lunaire, d’avoir le droit à ce traitement.

De plus, ce sera la première fois que les occidentaux pourront s’essayer à cet épisode vu qu’il était exclusif au Japon jusqu’à présent. Mais est-ce que se contenter de remasteriser un jeu Wii vieux de 15 ans sur des consoles pouvant afficher de la Full HD, voire de la 4K, suffit pour en profiter pleinement sans se faire sortir de l’immersion ?

Excusez-moi mon bon monsieur, avez-vous l’heure ?

10 ans après une horrible tragédie qui a touché l’île de Rogetsu lors d’un rite kagura, 5 survivantes atteintes d’amnésie ressentent le désir irrésistible de retourner sur l’île pour découvrir ce qui s’est réellement passé. Mais quand 2 d’entre elles trouvent la mort sur cette île, les 3 dernières filles, Ruka, Misaki et Modoka s’empressent à leur tour de retourner sur les lieux du drame, dans la clinique abandonnée de l’île. Mais une fois sur place, tout ce qu’elles ne trouvent, ce sont des esprits torturés des patients et d’effroyables bribes de souvenirs de leur passé. De son côté, le détective privé Choshiro Kirishima mène son enquête de son côté pour enfin mettre la main sur le coupable des sombres histoires que cache cette clinique. A tour de rôle, chaque personnage devra se frayer un chemin dans la clinique pour retrouver la mémoire et comprendre les enjeux du rite qui a échoué 10 auparavant, alors que l’éclipse lunaire éminente amène avec elle une nouvelle catastrophe.

Elles ont quand même plus de gueule au Japon que chez nous les cliniques abandonnées

A travers 12 chapitres, nous incarnons donc à tour de rôle Ruka, Misaki et Choshiro. Chacun commence dans une partie différente de la clinique. Même si celle-ci est un bâtiment immense et regorge de secrets, la progression se fait de manière plutôt linéaire car nous sommes bien souvent guidés par le jeu, soit à travers une apparition fantomatique qu’on doit suivre, soit en marquant directement sur la carte une porte qu’ouvre une clé qu’on vient de ramasser. Contrairement à un Resident Evil ou un Silent Hill, nous n’avons pas à gérer l’espace de notre inventaire ou à se souvenir que telle porte doit être ouverte avec telle clé. De plus, il y a très peu d’énigmes qui demande de la réflexion et on se contente bien souvent d’utiliser un objet récupéré à un autre endroit de la carte.
D’un certain point de vue, c’est une aubaine de ne pas avoir à faire des aller-retours incessants car le jeu est d’une lenteur et d’une rigidité abominable. Notre personnage est encore plus lent qu’un escargot, même quand il court ! Il faut croire que celui-ci trottine de peur de déranger les esprits qui veulent juste dormir en paix… Malheureusement pour eux, trottiner n’y fera rien si notre personnage se prend les murs toutes les 2 secondes car se déplacer est tout aussi difficile et contre-intuitif par rapport à nos standards d’aujourd’hui. Un système de déplacement similaire aux premiers Resident Evil est utilisé, à savoir que les mouvements se font par rapport à l’orientation de votre personnage et pas selon la position de la caméra, ce qu’on appelle communément des tank controls. Et ne pensez pas non plus avoir un contrôle fluide de la caméra. Le jeu étant un jeu Wii à la base, le stick droit contrôle à la fois votre lampe torche et la caméra. Mais là où pointer sur Wii était naturel, on se bat plus avec la caméra et la torche pour se positionner correctement, d’autant plus lorsque l’on doit révéler des objets cachés en les illuminant avec notre faisceau de lumière.
Bref, cette version remasterisée n’a pas remanié son système de contrôles et nous avons un jeu dans son jus avec des contrôles à l’ancienne et déjà quelque peu dépassé pour les standards de 2008.

Super, je vais encore passer 5 minutes à traverser ce couloir…

Le point fort de la licence Project Zero est son concept unique d’affrontement via un appareil photo. Grâce à la Camera Obsura, notre personnage peut voir les fantômes, qui ne ressemblent en rien à Casper le gentil petit fantôme, et se défendre en les prenant en photo. Et tel Pokémon Snap, les dégâts que vous infligez sont basés sur la qualité de votre cliché : est-ce que le fantôme est bien cadré ? En gros plan ? En pleine action ? Les dégâts infligés varient également selon le film que vous utilisez (le film de base est illimité mais faible alors que d’autres, consommables, sont plus puissants) et aussi selon la charge de votre objectif avant d’appuyer sur le déclencheur. Le mieux est même d’attendre le tout dernier moment avant que l’esprit n’attaque pour infliger un cliché fatal, permettant d’enchaîner les clichés chargés au max et donc d’infliger un maximum de dégâts tandis que le fantôme est étourdi.
L’objectif de l’appareil photo peut également être changé pour déclencher ce qui s’apparente à des attaques spéciales pour infliger plus de dégâts ou figer les ennemis par exemple.
Toutefois, ne vous reposez pas sur vos lauriers parce que vous êtes armé car votre personnage est très frêle et la moindre attaque ennemie aura un impact important sur votre barre de vie, d’autant plus que les objets de soin sont assez rares à trouver dans la nature. Ces attaques sont plus fréquentes que vous ne pouvez le penser car les affrontements ont souvent lieu dans des couloirs exigus, extrêmement claustrophobiques, avec, en plus, des ennemis qui peuvent attaquer à 360° puisqu’ils peuvent traverser les murs. Fort heureusement, une boussole vous indique dans quelle direction un fantôme est apparu mais l’indication est bien souvent trop vague pour repérer exactement où la menace se trouve.
Malgré tout, ce système de combat fonctionne et on se prend au jeu de prendre le cliché le plus parfait possible pour exorciser vite fait ces esprits torturés.

Et on dit OUSTITI !

Torturé, glauque, glacial. Tels sont les adjectifs que l’on peut utiliser pour qualifier l’ambiance qui caractérise cet épisode de Project Zero. Loin de l’horreur au premier plan que propose d’autres licences horrifiques, avec des jump scares et des monstres grotesques, l’horreur « made in Project Zero » est beaucoup plus subtil et ancré dans la réalité. Certes, nous avons face à nous un élément surnaturel mais au-delà de ça, nous avons surtout une réminiscence des derniers moments de victimes d’expériences atroces. L’histoire du Masque de l’Éclipse Lunaire est particulièrement prenante et plus on avance et nos personnages se souviennent de leur passé, plus ce sentiment d’effroi s’accroit.
L’ambiance y est aussi pour quelque chose, notamment à travers nos interactions avec l’environnement. Un bâtiment médical délabré est toujours anxiogène mais les effets de lumières et d’ombres, retravaillées pour cette version remasterisée, participent beaucoup à la sensation de mal-être. Même une chose aussi simple que de ramasser un objet est tendu car on doit participer à un « mini-jeu » où on a une chance de se faire attraper par un fantôme et de perdre l’objet de nos convoitises.
Le folklore japonais, si important à l’univers, a bien été respecté dans l’adaptation française qui arrive à faire comprendre certains aspects étrangers de notre point de vue ou en utilisant une forme plus ancienne de la langue pour faire comprendre le style de langage utilisé dans la version originale. Seule une version japonaise des dialogues est disponible mais cela n’est pas dérangeant au vu de sa qualité et de sa pertinence avec la licence.
Cependant, certains éléments nous sort de l’immersion, notamment les textures baveuses qui ne semblent pas avoir été retravaillées comme les modèles 3D ou les effets visuels, ou encore le manque d’option de spatialisation du son, qui permettrait de situer un son dans l’espace 3D. Ce genre d’option est appréciable dans un jeu d’horreur, il n’y a rien de pire que d’entendre quelque chose d’inattendu derrière nous.

Elle a bougé ! Je suis sûr que cette main a bougé !

Malgré ses qualités évidentes en tant que jeu d’horreur sortant du moule préétabli par Resident Evil, Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire version 2023 nous est livré trop dans son jus pour convenir aux standards d’aujourd’hui. Sa maniabilité rigide et son manque de dynamisme risque de rebuter certains et d’autres verront son type d’horreur plus nuancé comme inefficace. Toutefois, les joueurs avertis sauront donner sa chance à cet épisode qui aura mis 15 ans pour enfin pouvoir nous raconter l’histoire glaçante de l’île de Rogetsu dans notre langue maternelle.


Genre : Survival Horror
Langue : Japonais sous-titré Français
Développé par : Koei Tecmo
Edité par : Koei Tecmo
Taille : 12.67 Go
Sortie : 9 mars 2023
PEGI : +16
Plateforme :  Playstation 5|4, XBox Series|One, Nintendo Switch, PC

Jeu testé sur XBox Series X
Jeu offert par l’éditeur

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