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Chronique : Draconian – Under a Godless Veil

La fin d’année approche et c’est le moment, en général, où l’on regarde derrière soit pour décerner le titre de meilleur album de l’année. Mais il arrive également que masse de groupes nous pondent leur nouvel album dans cette période. Je ne vais pas vous faire la liste de ce qui est sorti depuis fin octobre ou va sortir jusque début janvier, mais il y a du monde au portillon.

Tout ça pour dire quoi ? Que des bons albums il y en a eu cette année, mais que celui dont je vais vous parler ici est selon moi celui gagne le trophée pour 2020.
Draconian, comme Insomium l’an dernier, dépose sur la table son nouvel album en octobre pour me mettre une claque comme je n’en avais pas encore eu durant l’année qui s’est écoulée. Ok 2020 n’est pas terminé et il peut y avoir des surprises, cependant, je pense qu’il sera difficile pour mes oreilles d’entendre meilleure musique.

Under a Godless Veil est tout simplement magistral. Après le très bon Sovran et l’arrivée remarqué de Heike Langhans, Draconian n’avait plus rien à prouver en matière de Death-Doom Atmosphérique. Et pourtant, Under a Godless Veil monte encore d’un cran la qualité de ses compositions.

Le titre qui ouvre le bal « Sorrow of Sophia » m’a carrément collé une énorme baffe.
Si le style musical de Draconian peut être comparé à du Metal Gothique, l’influence Doom Atmosphérique n’est cependant pas à prendre à la légère. Cette composition qui sert d’entrée en matière en est d’ailleurs une preuve flagrante. Arrangements mélodiques et atmosphères mélancoliques, chant féminin de toute beauté et d’une grâce rare, associé à un chant d’outre tombe le tout sonnant comme un combat ou plutôt comme une danse entre le feu et la glace… Je reste toujours émerveillé par cette créativité, cette faculté à mélanger deux ambiances, deux univers qui portant s’annoncent au départ opposés. Et puis il y a cette partie instrumentale que l’on retrouve dans le Doom pur jus, avec des guitares lourdes et oppressantes, une rythmique plombée où le piano et autres flûtes viennent casser ce côté malsain. Si « Sorrow of Sophia » est tout cela c’est également le cas des autres titres de Under a Godless Veil.
Draconian avec ce sixième album studio ratisse cependant plus large, écartant les horizons musicaux dans lesquels il était depuis quelques années. Peut-on dire que Draconian s’est adouci ? Pas sûr, certains diront qu’il propose une musique plus contemplative et plus raffinée encore.
La comparaison avec la formation française Lethian Dreams me parait pertinente. Je pense notamment au titre « Sleepwalkers » où les Suédois s’orientent vers une musique aérienne. Le titre monte doucement en puissance pour exploser sur un refrain où la voix claire de Heike Langhans croise admirablement le grunt de Anders Jacobsson. Un régal. Si vous n’aviez pas craqué sur « Sorrow of Sofia » impossible d’échapper à tant d’émotions déversées durant les presque 7 minutes de « Sleepwalkers ».



Des joyaux, il y en a pleins sur Under a Godless Veil. Et à chaque fois c’est la décharge émotive qui se transmet. Les riffs sont lourds mais lorsque la mélodie se fait plus présente (on pense parfois à Anathema, Antimatter, Katatonia) c’est un rayon de soleil qui apparait dans le tréfond du Mordor.
Le court « Moon over Sabaoth » (pas loin des 6 minutes tout de même) est dark, presque malsain avec ce rythme digne du Doom dégueulasse de certaines formations occultes, mais les quelques notes douces et discrètes de la voix de Heike Langhans rendent la complainte tellement mélodique que l’on en oublie la tragédie qui y est décrite.

Les Suédois se permettent même de nous proposer « Burial Fields », 4 minutes et demie de volupté diablement maîtrisée par Heike Langhans où presque seule, accompagnée d’une rythmique Dark Wave éclaire telle le noir absolue de son talent. Si l’Allemande avait été convaincante sur Sovran paru en 2015, elle est ici le joyaux qui illumine l’album de par sa grâce. On peut parfois penser à Sharon Den Adel de Within Temptation. On retrouve d’ailleurs cette perfection musicale sur le doux « Night Visitor ».
Draconian sait aussi durcir un peu le tempo (« The Sethian »), mais régale surtout lors de ses phases plus lentes et plus lourdes. C’est avec ce final d’anthologie de 9 minutes intitulé « Ascend into Darkness » que la formation enfonce définitivement le clou. La qualité de la composition est telle que cela aurait pu rester un instrumental. Ca effleure le
Post Rock sans jamais sombrer dedans avec des riffs légers, c’est le rythme qui seul sur ses épaules porte le sacre saint Doom. Une fois encore la dualité voix féminine et grunt fait son effet. Le feu et la glace se cherchent, s’observent, se croisent et dansent. On pourra juste regretter qu’ils ne se côtoient jamais pour un duo enivrant.


Coup de maître de la part de Draconian avec Under a Godless Veil. C’est clairement une claque comme je n’en prend qu’une fois par an.
Maintenant c’est à vous de voir si vous voulez faire le premier pas vers le Doom Atmosphérique de Draconian, Under a Godless Veil n’attend que vous.

Groupe : Draconian
Album : Under a Godless Veil
Sortie : Octobre 2020
Label : Napalm Records
Style :  Doom Atmosphérique
Lien: Site Web


Tracklist
01.Sorrow Of Sophia 7:28
02. The Sacrificial Flame 7:30
03. Lustrous Heart 4:47
04. Sleepwalkers 6:44
05. Moon Over Sabaoth 5:53
06. Burial Fields 4:34
07. The Sethian 6:51
08. Claw Marks On The Throne 5:42
09. Night Visitor 3:48
10. Ascend Into Darkness 8:54

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