Le traitement de la part de Capcom pour la licence Ace Attorney en Europe fût désastreux pendant plusieurs années. Jeux sans version française, versions physiques inexistantes, jeux exclusifs au Japon, beaucoup d’entre nous sommes passés à côté d’épisodes cruciaux pour ces raisons. Un tort que Capcom semble vouloir corriger avec des compilations de très bonne qualité de toute la saga, y compris ceux du spin-off Ace Attorney Investigations.
Ce spin-off nous permet d’incarner Benjamin Hunter, procureur et grand rival de Phoenix Wright, lors de 2 affaires marquantes de sa carrière. La première (Ace Attorney Investigations : Benjamin Hunter) prend place alors qu’un simple cambriolage met en lumière un réseau de contrebandes. La seconde (Ace Attorney Investigations : Le Pari du Procureur) remet en question la carrière de Hunter alors que le milieu juridique est en pleine chasse aux procureurs corrompus. Il devra prouver sa bonne foi tout en étant tenté de devenir avocat de la défense, comme le fût son père.
Dans ses enquêtes, il pourra compter sur l’aide de ses partenaires, l’inspecteur Dick Tektiv et Cléa Faradet, l’héritière du Grand escamoteur, celui que l’on appelle le Yatagarasu.
Contrairement aux autres opus Ace Attorney, Investigations ne propose que des phases d’enquêtes. Chaque jeu en est composé de 5, séparés en plusieurs chapitres. Suite à un meurtre, il vous faudra inspecter la scène de crime et les alentours pour récolter indices et témoignages. Autre changement par rapport aux autres épisodes, le joueur doit déplacer son personnage pour interagir avec l’environnement au lieu de déplacer un curseur pour inspecter un élément. Malheureusement, cela créé quelques moments frustrants où il est parfois compliqué de s’arrêter sur la hitbox de l’élément avec lequel on veut interagir.
En étudiant la scène de crime et en parlant avec les témoins, Hunter créé des notes mentales qui doivent ensuite être associées entre elles pour en déduire une information. Par exemple, en trouvant une arme par terre puis des impacts de balle sur un mur, on peut en déduire que cette arme a été utilisée pour tirer sur le mur. A force d’associer des idées, cela peut permettre d’ajouter des preuves à notre dossier qui pourront être utilisées plus tard lors des interrogatoires.
Un peu comme les phases de contre-interrogatoire des autres jeux Ace Attorney, il faut déconstruire le témoignage de la personne pour trouver une contradiction avec les preuves de notre dossier. Pour cela, il faudra soit insister pour obtenir de nouvelles informations, soit présenter une preuve qui démontre la contradiction avec la phrase du témoin.
Quand cet interrogatoire mène à un cul-de-sac, Cléa Faradet sort alors un outil très pratique : le Mini-faussaire. Il s’agit d’un système de reconstitution holographique d’une scène à partir des informations qu’on lui donne. Ainsi, si les informations données sont incorrectes, la reconstitution présentera une contradiction qu’il faudra identifier.
Toutes ces mécaniques sont présentes dans le premier jeu et s’intègrent dans un rythme plus posé. Mais le second jeu vient bousculer le joueur pour le rendre plus actif avec la mécanique de l’échiquier mental. Quand un suspect campe sur ses positions et refuse de témoigner, Hunter visualise la joute verbale comme une partie d’échec où le but est d’éliminer les pièces de l’adversaire. Pour cela, il peut l’attaquer sur certains sujets pour soutirer des informations qui pourront être utiles plus tard dans la joute. Mais il faut aussi savoir quand patienter pour que l’adversaire se calme et contre-attaquer au moment opportun pour affaiblir sa défense. Tout ceci se passe dans un temps imparti donc le joueur doit choisir rapidement quelle stratégie adopter. C’est plutôt une bonne surprise de proposer des phases plus dynamiques dans un jeu où l’on se contente généralement de lire des blocs de texte sans se soucier du temps qui passe.
Cette compilation proposant 2 jeux sortis sur Nintendo DS à l’origine, un travail de remasterisation était plus que nécessaire. Les sprites en pixel art piquent un peu les yeux sur un téléviseur 4K après tout. Heureusement, Capcom laisse le choix au joueur de jouer avec les sprites d’origine ou d’utiliser les nouveaux sprites 2D façon chibi, qui sont très réussi et fidèles aux modèles d’origine. Pas de choix possible, par contre, pour les décors qui ont été retravaillées et traduits en français, ce qui n’est pas plus mal vu que l’on va passer la plupart de son temps à les étudier avec attention pour notre enquête.
A contrario, la bande-son reprend les musiques originales telles quelles sans que cela pose trop de soucis en termes de qualité sonore. Toutefois, certains thèmes ont été retravaillés pour l’occasion.
Quant aux exclamations, on a la chance de les avoir en français puisque la collection a été entièrement traduite dans la langue de Molière. A l’origine, aucun de ces jeux n’était en français. Le premier était proposé uniquement en anglais en France tandis que le second n’est jamais sorti hors du Japon. Cette traduction, comme pour la collection Apollo Justice, est de très bonne qualité et est fidèle à l’univers déjà établi par la première trilogie. Il est regrettable, tout de même, de noter la présence de quelques erreurs de grammaire.
Enfin, cette compilation propose en bonus un musée dans lequel on peut admirer des concept arts et écouter la bande-son du jeu.
En somme, cette compilation est plus que recommandée pour les fans de jeux d’enquête. Ace Attorney Investigations arrive à proposer un gameplay intéressant en dehors du tribunal de la série principale en se permettant même quelques fantaisies pour rendre le joueur plus actif dans un genre où celui-ci est généralement plutôt passif. Le tout dans un emballage soigneusement retravaillé pour convertir un jeu portable pour une résolution plus élevée.
Genre : Aventure
Langue : Français
Développé par : Capcom
Edité par : Capcom
Taille : 7,9 GB
Sortie : 6 septembre 2024
PEGI : +12
Plateforme : Playstation 4, Switch, Xbox One, PC
Jeu testé sur Xbox Series X
Jeu offert par l’éditeur