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Avis : Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy

Pour une série qui se définit par ses procès et ses affaires de meurtres complexes, le plus grand crime de l’histoire d’Ace Attorney est sans doute celui que je vais vous compter dans les prochaines lignes…

Ok, je vous l’accorde, le mot crime est peut-être trop fort. L’erreur judiciaire est peut-être plus appropriée, et plus particulièrement celle d’Apollo Justice, LA star – si l’on en croit le titre – de cette dernière trilogie de l’avocat notoire de Capcom. Sauf que ce pauvre Apollo n’est pas vraiment ce qui fait tenir ensemble cette collection d’Ace Attorneys 4, 5 et 6. (Publicité mensongèèèèèèère !) Certes, il apparaît bien dans chacun d’entre eux, mais au bout du compte, c’est toujours notre roi du bluff préféré, Phoenix Wright, qui est à la tête de la plupart des affaires, reléguant son nouveau protégé à des tâches secondaires presque dès que les crédits du premier jeu d’Apollo s’affichent. Qui plus est, notre cher Apo doit rapidement partager sa place de nouvelle recrue avec Athéna Cykes, une autre jeune avocate de renom qui fait son apparition remarquée dans Dual Destinies et poursuit donc le triplé de la défense dans Spirit Of Justice. (Apollon et Athéna, deux divinités Grecques liées à la justice, vous suivez… ? Subtilitééééé !)

Le résultat donne un ensemble de jeux qui forment un tout moins « cohérent » que la première et plus solide trilogie Ace Attorney de Capcom, et un peu plus décousus que le plus récent spin-off de l’ère victorienne, The Great Ace Attorney, que j’avais déjà pu tester pour vous, mais qui était lui ALL IN ENGLISH… Cependant, malgré des débuts un peu incertains, Wright, Cykes et Justice atteignent ici des sommets dans leur carrière, et Dual Destinies en particulier reste l’un des meilleurs opus de la série à ce jour, si ce n’est même LE meilleur… (Qui veut se battre contre moi pour déterminer un classement ? Je vous attends !)

Mais entrons un peu plus dans le vif du sujet, voulez-vous ? Je vais essayer de vous spoiler le moins possible, mais je suis obligée de le faire tout de même un chouia pour contextualiser…

Bon, tout d’abord pour commencer, il est à noter que seul Apollo Justice avait été traduit dans nos vertes contrées à l’époque. Dual Destinies et Spirit of Justice n’y avaient pas eu droit, sans doute à cause d’une décision de Capcom due aux mauvaises ventes d’Apollo Justice… Car ne nous leurrons pas et je vous l’annonce tout de go : Apollo Justice est bel et bien le maillon faible de cette trilogie. Il reste sympathique… sans plus… Oubliable. Certes, il devait introduire un nouveau héros, le remplaçant de l’illustre Phoenix, cependant, la mayonnaise n’a pas pris… Plusieurs raisons à cela, mais la principale est qu’Apollo, dans son jeu d’introduction qui porte son NOM quand même et est censé lui faire la part belle, donc, n’est au final qu’une marionnette manipulée par TOUT LE MONDE. Il n’a pas le charisme, pas les épaules, c’est un jeune débutant trop crédule et chacun en profite. Pas terrible en guise d’introduction, n’est-ce pas ? Seule la première affaire (et allez, la dernière aussi, puisqu’elle la clôture…) est réellement PASSIONNANTE, que dis-je, c’est LA meilleure première affaire de la série, le meilleur tuto, il s’y passe des trucs de fous, des rebondissements en pagaille, des trahisons mémorables, ça commence FORT, trop fort justement !

Et du coup, fatalement, le reste ne suit pas… Normal quand le scénario a sorti et posé ses tripes sur la table dès le départ, donnant tout ce qu’il avait… Il ne lui reste donc fort logiquement plus rien dans le ventre, ni à offrir, pour la suite… On se tape donc les fonds de tiroir de la série, les affaires dont tu as l’impression qu’elles avaient été recalées des précédents opus, car trop mauvaises ou trop peu intéressantes… Comprenez bien qu’on a tout de même une affaire de VOLEUR DE CULOTTES. Oui, oui, vous avez bien lu. Et c’est d’autant plus choquant que la première affaire voit Phoenix (reconverti en joueur de Poker, ça ne s’invente pas…) se faire accuser de meurtre et être un témoin/accusé particulièrement dur à cuire et complexe/génial. (dans le sens « qui a du génie ») Avec remise en question de la Justice en tant que machine aux rouages rouillés. Rien que ça ! Ah ben tu m’étonnes qu’avec une telle entrée en matière, le soufflé retombe après. C’est dommage, car Apollo ne prend pas réellement sa place de héros, de successeur… Il est trop timoré, écrasé par l’ombre de Phoenix Wright, malgré quelques saillies intéressantes et un « pouvoir », assez sympa, basé sur le décryptage des tics physiques du témoin. Un peu à la manière de Phoenix et de son Magatama magiiiiique avec les verrous psychés.

À tous les niveaux, c’est donc un jeu qui échoue. Il ne parvient pas à fixer des objectifs. Il ne parvient pas à créer un fil conducteur émotionnel. Il ne parvient pas à faire fructifier les idées qu’il présente. Il ne parvient pas à faire évoluer les personnages. Il échoue à pratiquement tous les concepts de narration. C’est un échec, du début à la fin, ne sachant à qui il s’adresse, ni le pourquoi de son existence, frôlant souvent le ridicule. Et à mon sens, cet épisode faiblard qui se voulait être celui du renouveau et du passage de flambeau, aurait pu être le dernier mais…

… Fort heureusement, ce ne fut pas le cas, mais il fallut presque sept ans à la franchise pour s’en relever…

Grâce à l’un des meilleurs épisodes de la série !!! (… Tu te répètes ma vieille, tu l’as déjà dit, ça !)

Signant le grand retour de Phoenix Wright en tant qu’avocat, j’ai nommé Dual Destinies !

Aloooors, à quoi juge t-on un « bon » épisode d’Ace Attorney justement ?

Principalement à trois choses : la qualité globale des enquêtes/le message, son procureur et le méchant final.

Et ici, laissez-moi vous dire que vous ne serez pas déçus ! Si vous ne deviez jouer qu’à un seul épisode de la série, ce serait celui-ci les yeux fermés ! (enfin, façon de parler, parce que jouer les yeux fermés à un visual novel, c’est un peu con quand même !)

On est directement plongés dans le bain par une première affaire sur fond de bombe qui explose dans la salle d’audience. Oui, oui, vous avez bien lu… Ca donne le ton ! Apollo est bien-sûr toujours de la partie avec un rôle plus important cette fois, mais le cabinet Wright accueille également une nouvelle recrue en la personne d’Athéna Cykes. Athéna a la capacité de « lire » les émotions des témoins et de révéler les incohérences entre celles-ci et le discours tenu. Par exemple, si un témoin vous raconte qu’une bombe a explosé à côté de lui et qu’il a ressenti de la joie, c’est une incohérence qu’il faudra pointer. Ce nouveau système est excellent, mais étant proposé pour la première fois, il est parfois imprécis hélas. Cependant, il réserve un excellent plot twist que vous pourrez facilement deviner relatif aux émotions, mais je ne vous divulgâcherai pas ici, promis. En tout cas, la petite nouvelle arrive parfaitement bien à s’intégrer à l’équipe déjà en place, apportant une touche dynamique et féminine bienvenue, tout en cachant également un lourd passé absolument passionnant et tellement bien écrit, qui réservera son lot de surprises. Nouvelle venue donc, qui en plus d’apporter de la fraîcheur et un nouveau gameplay très pertinent, semble lié au mystérieux nouveau procureur de la série, comme ça tombe bien le hasard fait décidément bien les choses ! (oupa…)

Et alors lui, c’est un gros morceau !

Difficile d’en parler sans trop en dire, mais Simon Blackquill est aisément en lice pour le titre de meilleur procureur de la série. Car hélas, l’un des gros défauts des Ace Attorney, c’est qu’après Hunter/Edgeworth, jamais aucun procureur n’aura su prendre sa succession et le remplacer dans le cœur des joueurs. Godot était pas mal, mais… la Von Karma, une catastrophe… ! Un bon procureur dans la série se doit d’être menaçant et intimidant, c’est-à-dire que l’on craigne la confrontation avec lui, de par ses éclats grandiloquents au tribunal. Un bon procureur doit être crédible et mettre des bâtons dans les roues de la défense à l’aide d’arguments difficiles à réfuter. Mais surtout, un bon procureur doit être « attachant », il doit être craint autant qu’il est apprécié du joueur, qui attend ses saillies verbales avec impatience. Il faut du charisme et de la personnalité. Et bien Blackquill possède tout cela et bien plus encore. Il vole même la vedette aux autres personnages, dès qu’il apparaît à l’écran, on ne voit plus que lui, il en impose et ses réparties sont jouissives. Il a également bien des secrets, puisque pour la première fois dans l’histoire de la série, nous avons à faire à un procureur… prisonnier… et condamné à mort. Oui, oui, vous avez bien lu encore fois. Un pari osé, d’autant qu’il est très difficile de passer après Hunter le chouchou des fans. Mais c’est pourtant un pari que remporte haut la main Blackquill dont le design et les envolées lyriques vous charmeront.

Quant au « big bad », je ne dirai rien de plus qu’une fois encore, on confine, on touche au génie de ce côté-là aussi. Ses motivations font sens, de même que la façon de le « coincer », conférant à l’histoire de cet opus un côté très émouvant, avec lequel la série renoue. Car c’est pour cela qu’on joue avant tout aux Ace Attorney : pour l’émotion qui s’en dégage et l’attachement aux personnages, dont même les plus secondaires bénéficient d’un soin d’écriture particulier. C’est en effet ce qui nous aide à passer sur les incohérences et à suspendre notre incrédulité face aux situations les plus rocambolesques. C’est ce qui fait que la magie fonctionne.

La série aurait pu se clôturer sur cet épisode majeur, bien que pas exempt de défauts. (Toutes les affaires ne se valent pas, en particulier celles qui n’ont aucune « incidence » sur la trame de fond.) Mais non, Capcom a remis le couvert assez vite à peine trois ans plus tard, sans doute pour surfer sur la vague de ce succès inattendu, tant Dual Destinies a fait l’unanimité auprès des fans de longue date et des nouveaux venus, mais aussi auprès de la critique.

Alooooors… Spirit of Justice n’est pas dénué d’intérêt, d’autant qu’il pose ses valises dans un royaume imaginaire fantasmé, où la véritable Justice n’existe pas vraiment. Disons que… là-bas, les innocents accusés de crime ont peu de chance de s’en sortir et pour cause : personne ne daigne les représenter et défendre la cause, car si l’accusé est condamné à mort, son avocat meurt avec lui. Sympa non ? Il y avait beaucoup à faire avec ce concept, notamment eu égard au thème général de la série sur la Justice et l’importance de croire en l’innocence de son client. Cependant… les personnages et les situations y sont moins mémorables que dans le précédent opus et sorti de cette idée conductrice géniale – mais pas assez poussée/exploitée – le jeu se traîne un peu. Principalement à cause de son procureur à la ramasse, sorte de moine Bouddhiste qu’on croirait être une fusion ratée (le fils de… ?) entre Mü et Shaka de Saint Seiya. Un personnage assez abject qui n’a pas les épaules nécessaires pour être réellement menaçant et est juste chiant… ses lignes de défense sont toujours les mêmes et fallacieuses. Disons qu’il ne m’a été agréable que par ses échanges/joutes verbales avec l’un des anciens procureurs chéris de la série, (essayez de prononcer cette phrase très très vite pour voir c’est rigolo ahah…) mais dont je tairais bien entendu l’identité.

Disons que cet épisode se laisse suivre, même si je sais que pour beaucoup de fans il représente la quintessence de la série, car une fois encore, il offre tout de même trois protagonistes jouables, chacun avec sa personnalité et ses capacités, en plus de clôturer en beauté l’arc scénaristique du personnage d’Apollo, qui, décidément, malgré la sympathie qu’il inspire, ne restera pas forcément dans les annales de la série, tant il n’aura jamais su « live up to his expectations », mais bon, passer derrière Phoenix le héros historique était sans doute trop compliqué… On pourra presque parler d’acte manqué le concernant, mais aussi vite venu, aussi vite oublié hélas. Cependant, on peut noter qu’ironiquement, Dual Destinies et Spirit of Justice dont il n’est pas le porte étendard pourtant, le traitent mieux que son propre jeu…


En conclusion, je dirai que pour tous les fans francophones et surtout anglophobes de la série, cette trilogie est un MUST play, au moins pour Dual Destinies, dont la traduction en français justifie à elle seule l’achat du jeu. Les deux autres épisodes sont déjà plus oubliables, moins qualitatifs et inspirés, mais restent tout de même agréables. Pour autant ils ne parviennent pas à se rendre aussi indispensables que Dual Destinies, qui constitue sans doute l’apogée de la série en termes de narration et de gameplay. Tout est maîtrisé de bout en bout et le cahier des charges y est admirablement bien rempli.

Mais fatalement la sortie de cette trilogie ne peut que nous amener à nous interroger sur le futur de la série, qui n’a plus produit le moindre épisode canonique (hors spin off) depuis 2016… Peut-être que cette sortie providentielle est une façon pour Capcom de prendre la température et de jauger l’intérêt des fans… ? Gageons qu’il s’agisse d’un appel du pied de la part de l’éditeur et que la trilogie se vendra bien, pour qu’un nouvel opus puisse prochainement voir le jour…


Genre : Visual Novel
Langue : Français
Développé par : Capcom
Edité par : Capcom
Taille : 25.82 Go
Sortie : 25 janvier 2024
PEGI : +12
Plateforme : Playstation 4|5, Switch, Xbox One|Series


Jeu testé sur PC
Jeu offert par l’éditeur

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