J’ai lu : Varsovie – Les Lilas de Marianne Maury Kaufmann

On est tous un peu abimé par la vie. Certains plus que d’autres. Pour l’un un vrai traumatisme, pour l’autre l’oubli…

Résumé :

L’histoire qu’on traîne derrière soi, il faudrait pouvoir la déposer quand elle ne nous va plus. Francine la trimballe, et voudrait bien s’en délester. Mais à qui raconter ?
Aux psys, aux amis d’autrefois, à cette araignée de Dina ? Et si elle parlait plutôt à cette drôle de fille-là, qu’elle a croisée dans le bus où elle bourlingue toute la journée ?
Dans Paris qui scintille, la bonne oreille n’est pas toujours celle que l’on croit !

Sur le trajet Varsovie – Les Lilas, une femme est décidée à faire triompher la vie. La vie, contre l’indicible blessure qui hante les rescapés. Guidée par sa plume énergique et tendre, Marianne Maury Kaufmann vous invite à un voyage imprévisible aux sentiers escarpés, où la vie est têtue, et belle !

Avis :
Francine est une personne abîmée. Sa jeunesse l’a profondément affectée et ses relations avec sa fille s’en ressentent. Elles sont très éloignées l’une de l’autre, n’arrivant pas à se rapprocher, s’envoyant parfois de vagues textos, et parfois un petit resto où elles feignent que tout va bien. Faut dire qu’elle a été déportée, sauvée, et a vécu dans différentes familles. Elle ne sait pas si elle a été heureuse, elle ne se rappelle pas de tout…

Francine est seule, elle vit sa vie dans la ligne de bus 96, n’arrivant pas à rester chez elle. Elle a des amis, lui restant de l’époque où son mari était encore en vie, mais elle ne se sent pas bien avec eux. Ça sonne faux. Alors elle se prend d’amitié pour des usagers de la ligne 96. Elle deviendra « amie » avec la bougie (elle l’a surnommé ainsi à cause de sa rigidité), une personne toxique. Elle se raccrochera à elle, sentant une énergie nouvelle, une envie de la choyer même si ce n’est qu’à sens unique.

Être seul, c’est vivre dans le silence, avoir une vie triste et morne, c’est avoir besoin de se sentir vivant, de sentir la vie autour de soi. La solitude est un sentiment pesant, pesant quand on est seul chez soi, pesant quand on est dans la foule, mais c’est un sentiment pesant lorsque l’on est entouré d’être chers et que l’on se sent… Seul… Certains se complaisent dans la solitude, d’autres recherchent la présence, la vie…
Tout au long de ce livre nous ressentons la solitude de Francine. Nous comprenons son mal être, nous voulons la secouer, lui dire de se reprendre en main, de parler avec sa fille, de reprendre contact avec elle, de vivre sa vie de grand mère. Mais nous vivons avec Francine, et avec elle nous prenons inlassablement ce bus vers la solitude et l’ennui, comme elle nous chercherons à attirer l’attention, à se faire des amis, à se sentir utile pour quelqu’un, même si c’est à sens unique… Nous avons peut être même déjà vécu ça, ce stress dû à la solitude, la peur que personne ne s’intéresse à nous. Nous avons peut être aussi cherché à parler avec une personne qui nous paraît sympathique. Nous avons peut être donné de notre personne sans rien avoir en retour. Comme Francine, nous nous sommes peut être lassés, laissé berner…
Nous sommes dans cesse en quête du bonheur, le bonheur d’être attendu le soir, le bonheur de se retrouver en famille, avec des amis, d’avoir un boulot qui nous plaît, de se jeter à corps perdus dans une passion… Le bonheur c’est nous qui le créons, c’est nous le développons, l’entretenons, le vivons. C’est donc à tout un chacun de se bouger, d’essayer de faire le nécessaire pour trouver ce bonheur. Mais peut être heureux lorsqu’on est seul ? A vous de nous le dire…
La lecture de se livre est simple. L’écriture est fluide et les chapitres s’enchaînent rapidement. Lorsque l’on commence on veut vraiment savoir comment cela va se terminer. On souffre avec Francine, on pleure sa solitude, la tristesse qu’elle dégage est puissante.
« Varsovie – Les Lilas » est un livre fort qui nous permet de prendre du recul sur nos petits tracas du quotidien. Personnellement j’ai bien apprécié cette lecture. Mais maintenant je vais partir sur une lecture plus joyeuse…
Ce livre a été lu dans le cadre du prix Merlieux des bibliothèques.